Morceaux de textes choisis
Travail	Symbolisme du deuxième Grade
Thème	Le Tapis de Loge au Grade de Compagnon
Auteur	Elisabeth Mutel

A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers,

Un rapprochement du Tapis de Loge avec celui au Signe d’Apprenti laisse apparaître une modification des symboles communs à ces deux Tapis, sans doute pour fixer l’attention sur le premier Grade qui reste le fondement de l’Initiation maçonnique qui permet une énergie stimulatrice de progression.

On y retrouve aux mêmes emplacements, à l’Orient, au Midi et à l’Occident les trois Fenêtres, mais non grillagées à ce Grade, pour bénéficier de la pleine Lumière, précédemment tamisée.

Aux trois Marches au Signe d’Apprenti, nous comptons cinq Marches que le Compagnon découvre lors de sa Réception à ce Grade, coïncidence avec les cinq Voyages initiatiques dits de probation, les trois pas glissés augmentés de la Marche du Compagnon de deux pas, son âge (5 ans), les cinq Luminaires, dont un supplémentaire à l’Orient et deux sur chacun des Plateaux des Surveillants ; également, les cinq signes principaux (vocal, guttural, pectoral, manuel et pédestre). Au sommet des colonnes d’Occident, les Grenades sont remplacées par une sphère céleste sur la Colonne J et une sphère terrestre sur la colonne B, pour marquer l’universalité du fini à l’infini qui s’offre aux investigations du Compagnon.

Deux nouveaux Outils apparaissent sur ce Tapis. A la Perpendiculaire, au Marteau  et au  ciseau  maniés par  l’Apprenti,  s’ajoutent  le Niveau  et  la Règle, respectivement symbole de l’équité et de la rectitude de vie envers autrui, aussi bien que la clé de voûte de l’édifice et de sa Pierre de fondation. Cette clé de voûte assure la bonne finitude de l’œuvre collective.

Au Niveau, rappelé sur le Bijou du premier Surveillant chargé de l’Instruction des Compagnons, il y a lieu d’y associer le Levier, qui symbolise le contrôle de l’énergie en action, dans une ténacité et la détermination de parvenir à l’objectif du bon accomplissement du Travail, sans effort inutile susceptible de détourner de l’essentiel. Le Levier permet un point d’appui juste par rapport à la force employée, sachant que le Compagnon apprendra à n’utiliser la force qu’au service d’une cause juste en se comportant de façon exemplaire. Ainsi Archimède (an 287 av. J.-C.) a déclaré, dans son traité de l’équilibre des figures planes, l’intérêt du Levier et la recherche du centre de gravité :  ‘’Donnez-moi un levier et un point d’appui et je soulèverai le monde’’.

Après un travail d’introspection au Signe d’Apprenti, le Compagnon se trouve confronté à un autre mode de réflexion par le raisonnement, et poser un regard nouveau sur l’Initiation. A la Pierre brute, symbole du labeur de l’Apprenti, qu’il s’est exercé à tailler pour sa propre transformation, se substitue la Pierre cubique à pointe qui devient l’attribut du Compagnon. Cette deuxième Pierre est présente côté Colonne du Sud, celle des Compagnons. A l’instar des cathédrales, dont l’enceinte s’amincit en hauteur, le sommet de la Pierre, dite cubique à pointe, est couronné d’une forme pyramidale. De la sorte cette Pierre, prise en tant que base de l’édifice en construction, est un cube comportant six faces, complété d’un élément pyramidal pour symboliser la nécessité de considérer toute chose en toutes ses composantes avant de prétendre la définir. Cette pointe constituée d’un second solide à quatre faces confirme une nouvelle dimension, qui rend accessible au Compagnon un univers élargi à la Voûte céleste.

La Pierre cubique à pointe incarne la glorification du Travail. Elle doit être perçue dans un sens noble, et non pas comme une aliénation de l’Homme modelant l’objet pour le transformer en une œuvre artistique ou d’utilité pratique pour vivre sa liberté d’expression. L’homme imagine et façonne son ouvrage à l’exemple de l’extension de la Pierre brute en Pierre cubique à pointe comme un corps tendu vers la création. Le Compagnon ne peut s’élever que par l’effort et donc par son Travail sur lui-même tendant à l’édification de son Temple intérieur.  Dans ce prolongement, la colonne placée à l’Occident-Sud est identifiée Booz qui a pour signification ‘’en force’’ mais aussi ‘’Persévérance dans le Bien’’. Booz, comme bien des vocables, figure dans les livres de la Bible (Paralip, liv.2, chap.3, v.17 et Rois, liv.3, ch.7, v.21) où il est cité en tant qu’époux de Ruth. Il était fils de Salmon et trisaïeul de Salomon.

Enfin, un dernier symbole complète ce Tapis, l’Etoile flamboyante à six Pointes, placée à l’Orient entre la Lune et le Soleil. Elle est l’emblème du Grand Architecte de l’Univers et celui de l’union intime qui règne entre les Maçons. L’Etoile flamboyante apparaît dans de nombreux Rites pour éclairer les Compagnons par son rayonnement qui les guidera dans leur quête incessante de la Vérité.  Cette Etoile  serait bien susceptible  de nous permettre  de distinguer l’essentiel de l’accessoire dans nos convictions, nous mettant en garde sur la fragilité de nos sens, souvent trompeurs.

D’où cette recherche sans fin de la Connaissance, si nous voulons nous emparer de l’essence de l’Initiation, telle un support signifiant que la Maçonnerie reste un moyen d’émancipation de l’Homme.

Le Tapis de Loge, par ses symboles, indique le chemin à suivre et les moyens à utiliser afin d’approcher la Connaissance. Il nous ouvre la voie de la construction d’un monde de Sagesse, de Beauté et de Force.