Accueil » Morceaux de textes choisis » Egrégore, entre mythe et pensée

Egrégore, entre mythe et pensée

……………………………….Morceaux de textes choisismorceaux2
 Travail 

Fragment de pensées

 Thème 

Egrégore en la Loge maçonnique entre mythes et pensée   

 Auteur

Elisabeth Mutel……..

A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers

Egrégore vient du latin egregius, remarquable, illustre, exceptionnel et en grec, ce mot prend la signification de ‘’veiller’’. On retrouve ce vocable dans l’occultisme dans lequel il est attaché à la conscience collective d’un groupe d’hommes et de femmes. Robert Ambelain définit un égrégore comme ‘‘une force engendrée par un puissant courant spirituel et alimentée ensuite à intervalles réguliers, selon un rythme en harmonie avec la Vie universelle du Cosmos, ou à une réunion d’entités unies par un caractère commun. Dans l’invisible, hors de la perception physique de l’homme, existent des êtres artificiels, engendrés par la dévotion, l’enthousiasme, le fanatisme, qu’on nomme des égrégores’’ (La Kabbale pratique).

     Dans le Temple maçonnique, pris en tant que sanctuaire ou bastion des Initiés, lieu privilégié de résistance inébranlable d’un mouvement, les Frères ont la faculté de fondre leur richesse et leur ressenti en une seule Force. Cette cohésion procure une dynamique supérieure à la somme de toutes les forces individuelles, et cela durant leurs Travaux en Loge.  Dans certaines sphères, des phénomènes de masse se déclarent par signes sensoriels et énergétiques, deux formes en plein accord. Parmi eux, des égrégores nous interpellent particulièrement tout au long de notre existence, à l’exemple de celui apparu lors d’un événement parisien (janvier 2015), qui s’est globalisé immédiatement sous une entité vivante ‘‘Je suis Charlie’’. A cette occasion, des manifestations publiques se sont déployées générant deux groupes réactionnaires à la première entité citée pour former deux autres égrégores, l’un sous le slogan ‘‘Je ne suis pas Charlie’’, le troisième qui refuse d’abandonner son identité en revendiquant rester soi-même et se nommant ‘‘Je suis moi’’. Ce cas de figure explique nettement l’emploi du mot égrégore, au singulier ou au pluriel, précédé de l’article indéfini.

         Nous assistons ainsi à des énergies émotionnelles et passionnelles, autant que fusionnelles, qui régissent l’espace dans lequel les hommes évoluent. Dès qu’un groupe humain se constitue, un égrégore sous forme de pensée et de sensations se manifeste. Selon les facultés vibratoires des acteurs, cet égrégore enchaînera ceux-ci à leur(s) croyance(s) limitative(s) ou alors dynamisera leur potentiel créateur. Il relève d’un champ d’énergie à la fois mental et spirituel. L’action est réciproque : les Membres de la Chaîne nourrissent un égrégore et celui-ci réagit sur eux. La puissance d’un égrégore est fonction du nombre de personnes qui se manifestent et soutiennent l’intensité de leur engagement dans le dessein commun. Ces dernières sont en mesure de voir progresser la portée sociologique d’un égrégore qu’elles ont suscité, dont l’effet peut être soit bénéfique, soit maléfique, tant au projet collectif qui les rassemble que sur l’énergie qui les anime.

         Dans le Temple où se déroulent les cérémonies, ‘’égrégore’’ est un terme employé à plusieurs reprises par les Membres de la Loge. Ce mot est emprunté au vocabulaire biblique pour désigner l’âme collective de la Loge, laquelle s’empare des pensées de chacun. Par égrégore, le terme s’entend dans une sensation plus ou moins floue d’une impression qui envahit à l’unisson et en même temps les participants aux Travaux, tandis que cet égrégore n’a aucun rapport avec les sentiments et la psychologie. Un égrégore est d’une nature concise placée au-delà du sensitif et de l’émotif. Ce contact se produit sur le plan de la conscience, notamment lors de la Chaine fraternelle par un attouchement mercuriel selon la terminologie hermétique. C’est par sa conscience que l’homme se trouve relié au divin, parce que ce contact est accompagné de certains phénomènes, notamment le pouvoir céleste de la théurgie qu’évoque Martinès de Pasqually, et de son approche indissociable et singulière, dont fait état Louis-Claude de Saint-Martin. Durant certaines cérémonies marquées d’interventions magiques et théurgiques, auxquelles assistaient les disciples Élus Cohen, Martinès invoquait les anges, telles des entités spirituelles censées s’exprimer par signes appelés glyphes ou hiéroglyphes accordés en gratification auxdits Élus Cohen méritants. La définition de la théurgie renferme un effet magique, qui permet un échange avec les divinités bienfaisantes.

         Le Philosophe Inconnu a été sujet à de curieuses expériences célestes vécues dans l’écriture automatique. Utopie ou rêve d’écriture inspirée et libérée qui l’a affranchi des limites humaines pour atteindre le sublime ? L’écrivain libéré, dit Auteur des Erreurs et de la Vérité, s’inscrit dans le Magistère divin au travers de ses ouvrages ‘‘Le Ministère de l’homme esprit’’ et ‘‘L’Homme de désir’’, par lesquels il a saisi et intégré le concept du nouvel homme, homme régénéré par excellence. Le terme de ‘‘régénéré’’ n’est pas anodin chez Saint-Martin dont il nous est rapporté qu’il le plaçait tel un pivot de la doctrine martinéziste (le Traité de la réintégration des êtres) et celle qui porte son nom ‘’le martinisme’’. La référence à de telles études, même si éloignées de la Franc-Maçonnerie, a seulement pour objet de situer l’ampleur et l’impact de la théurgie dans la Loge. Parce que cette science peut stimuler notre imaginaire dans la démarche de compréhension et de représentation d’un Egrégore, et dans la mesure où nous l’appréhendons dans l’esprit plus que dans la lettre, elle nous ouvre les voies de la réflexion et de la recherche.

         Un égrégore, né de notre union en Loge, a vocation à provoquer un souffle propice à la régénération de chacun des participants aux Travaux, cette régénération étant la conséquence même de l’action d’unification de ceux-ci en une Chaîne soudée. Selon le ressenti des présents, d’une fervente prière ou invocation collective, naîtrait un égrégore au moment le plus propice pour cette communion, lors de la Chaîne d’union dite Chaîne fraternelle au REP. Par elle, un égrégore réveille un état collectif qui procure un état de conscience suivi d’un lien très fort à la fois physique et psychique, que l’on peut qualifier de spirituel. Même éphémère, un égrégore est à son apogée dans le Temple, où les sens physiques individuels des Initiés sont combinés à la psyché collective. Mais revenons à une autre explication d’un égrégore. Les définitions étymologiques, selon Wikipedia, citent une source supplémentaire prise dans le grec ancien, qui donne la logique du vocable égrégore.

…….Celui-ci s’entend aussi bien dans égrègora (parfait, faire lever, éveiller, réveiller) que dans le verbe dérivé égrègoraô (être éveillé) ou le substantif féminin égrègorsis (veille), ou encore les adverbes égrègorotôs et égrègorti signifiant tous deux ‘‘en veillant’’.   Wikipedia précise également que :

« Le terme égrégore apparaît en 1857 dans la langue française sous la plume de Victor Hugo dans la Légende des siècles. La très large diffusion du poème au XIXe siècle assure la pérennité du mot qui aurait pu rester un hapax poétique nécessité par une rime avec mandragore. A la graphie créée par Victor Hugo s’ajoute la variante eggrégore, mais on trouve aussi des graphies pseudo latinisantes comme egrigor ou égrigore. »

         Nous faisons également appel à une ancestrale citation de l’Egrégore qui révèle ce mot au second siècle avant Jésus-Christ d’après le livre d’Enoch. Celui-ci invoquait des êtres de nature spirituelle, à l’exemple des gardiens des six directions de l’espace, le nord, le sud, l’est, l’ouest, le zénith et le nadir. Plus tard, l’alchimie s’approprie à son tour ce mot, dont la plus simple traduction est le REBIS (symbole alchimique de la Rose-Croix), la chose double, le mercure philosophique, la pierre qui se réalise et le soufre, le mâle, le soleil et la femelle, la lune.  Pour nous Maçons du REP, nous retiendrons l’interprétation grecque de veille donnée à ce mot rapportée au verbe ‘‘VEILLER’’ et à l’action de ‘‘VEILLEUR’’, que nous avons retenue dans l’esprit pour qualifier les Jacobites de Sentinelles et plus précisément de Sentinelles de Lumière.

         Et les Maçons, réunis sous quelque voûte étoilée que ce soit, implorent un Egrégore positif de l’Amour fraternel et se soudent dans une allégorie telle que celle définie par Krishnamurti, dans une conférence à Bombay le 21 février 1965 :

« Sans amour, vous aurez beau faire – courir après tous les dieux de la terre, prendre part à toutes les activités sociales, tenter de remédier à la pauvreté, entrer en politique, écrire des livres, écrire des poèmes – vous ne serez qu’un être mort. Sans amour, vos problèmes iront croissant et se multipliant à l’infini. Mais avec l’amour, quoi que vous fassiez, il n’y a plus de risque, il n’y a plus de conflit. L’amour, alors, est l’essence de la Vertu. »

         Nous pouvons conclure que la Chaine fraternelle, acte rituel compris dans le plus grand nombre des Rituels à divers Grades d’un Rite, conduit bien à une dynamique de groupe, soit un Egrégore commun à tous les Francs-Maçons.

Travail déposé sur le site en février 2015

0 réponse à “Egrégore, entre mythe et pensée”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *