A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers,
Elle est le lieu déconcertant où se manifestent les premiers symboles qui s’offrent au Profane préalablement à son Initiation. Il est difficile au milieu du brouhaha de notre civilisation, qui a le vide et le silence en horreur, d’entrevoir une issue susceptible de faire basculer un conformisme bien rôdé sur une simple question ‘’ Où cours-tu ? ‘’. Il y a des fuites qui sauvent la vie devant un serpent, un fou dangereux, un meurtrier. Il en est une qui la coûte, celle de la fuite devant soi-même. Dans l’ignorance de l’acharnement des événements d’un siècle perturbé, quelle réaction entreprendre, sinon celle de se poser cette question en trois mots « Où cours-tu ? ». Si au contraire nous faisions halte – ou volte-face – se révélait sans doute l’inattendu : ‘’ce que depuis toujours nous recherchons dehors veut naître en nous’’. Alors que selon le vieil adage, ‘’la fuite n’évite pas le danger’’, le titre de l’ouvrage de Christiane Singer ‘’Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? ’’, nous propose la sérénité pour franchir le pas de se trouver face à soi-même, à la recherche de ce qui se cache au plus profond de notre être.
…….Et la Franc-Maçonnerie nous donne accès à une porte à ouvrir prometteuse d’une nouvelle condition et d’un art de vivre. Considérant le milieu formaté dans lequel nous vivons où tout va très vite, nous pouvons estimer être dans un monde intolérant envers celui qui se pose pour une réflexion : une société imposant la mobilité, l’adaptabilité, la rentabilité et qui rejette tous ceux hésitant à se lancer dans une course éperdue vers l’inconnu et un renouveau. Mais savons-nous après quoi nous courrons ? Sans notre quitus ou avis même partiellement favorable, serions-nous simplement placés dans une compétition élitiste pour prendre place dans l’effervescence de la production de richesses matérielles ? Il est difficile d’échapper à ce mouvement envahissant qui conditionne notre vie dans quelque structure sociétale que ce soit, d’autant plus qu’elle embarque tous ceux qui veulent trouver le moyen de vivre dignement. Le citoyen du monde moderne, sur le chemin d’une civilisation futuriste, ne vit plus qu’en compensant, dans l’un de ses rôles successifs, les frustrations qu’il a subies dans un précédent. La Franc-Maçonnerie pourrait bien devenir une échappatoire pour sortir d’un système de pensées sans humanité, sans la Tradition ni l’Histoire et ses repères, dépourvu de spiritualité, sans Beauté et Amour.
…….Parmi les Chambres écossaises, que compte l’Ordre du Rite Ecossais Primitif, il en est une très particulière et familière à tous les Initiés en tous les Rites et en tous lieux, la Chambre de réflexion, dite Chambre de Préparation et Chambre de Retraite au RER, et en de très nombreux autres Rites, Cabinet de Réflexion. Ce dernier terme était donc le plus couramment employé selon les Usages maçonniques dans les années 1800. En effet depuis la nuit des temps, toutes les Institutions initiatiques ont eu recours soit à une cabane, une caverne, une hutte, un petit enclos ou encore une clairière pour l’isolement du néophyte, dans un endroit à l’abri de l’agitation de l’entourage préoccupé par les préparatifs d’une Cérémonie. Il s’agissait de séparer le candidat de ses proches, de créer une rupture du cadre matériel et humain constituant son quotidien. La Chambre de réflexion, pour l’essentiel, est la forme moderne adoptée par la Franc-Maçonnerie de l’antique cabane citée ci-avant.
…….Dans son isolement, le candidat se trouve confiné, seul, dans un lieu insolite pour lui, dans une fracture totale annonciatrice d’un changement radical, à l’exemple bien souvent repris de la chrysalide qui va se séparer de son cocon protecteur, pour surgir dans un espace jusqu’alors inconnu d’elle. Cette analogie est à rapprocher du retour à la gestation dans le giron maternel pour replacer l’être dans son contexte originel, et dans une profonde réalité, qui précède son arrivée dans l’existence terrestre par sa naissance. Cette Chambre, ne serait-elle pas ainsi une étape nécessaire à l’homme, qui désire mettre fin à un certain fonctionnement pour vivre un nouvel état, et donc se libérer du connu pour appréhender une vie nouvelle ?
…….Mais que symbolise la Chambre de réflexion vers laquelle est conduit le profane saisi d’une surprise inattendue, un bandeau (ou un foulard comme dans les temps les plus anciens) sur les yeux ; tant il est vrai que son intitulé même est parfaitement obscur à celui-ci non averti, qui se présente pour faire son entrée dans la Franc-Maçonnerie. A un accueil réservé mais courtois, suit une introduction dans un lieu qui s’avère, une fois le bandeau retiré sur autorisation, ténébreux à l’atmosphère froide et sinistre, où le regard panoramique et scrutateur constate un endroit énigmatique et curieux, si ce n’est lugubre. Je préciserai que j’ai été reçue dans une cave, ce qui n’a pas manqué de provoquer une certaine méfiance. Parmi les objets disposés sur une table, l’attention se porte instinctivement sur un crâne, qui évidemment par sa texture mortuaire intrigue, alors que l’obscurité du lieu favorise calme et recueillement. Succèdent à l’étrange, une sorte de malaise funèbre, ou plus exactement un certain trouble, puis la préfiguration de la fin d’un parcours, enfin l’avant-goût du début d’un autre cycle. D’abord invitée à m’asseoir sur un tabouret poussiéreux, j’ai dû l’essuyer pour ne pas me salir, conformément au code de salubrité de notre mode de vie, sur lequel je m’étais dans l’instant attardée sans retenue ! L’effet de surprise rapidement dépassé, est suscité le sens, dans l’absolu, de l’Initiation en tant que démarche, par laquelle sont mises en action les aptitudes cérébrales et cognitives. Dans un silence non ordinaire ou plus exactement sans le moindre bruit ou son, j’ai interprété cette prétendue Chambre, qualifiée ‘’de réflexion’’ selon l’annonce de mon interlocuteur, telle une condition de transition dont le but serait d’établir la paix intérieure. En effet, le lieu m’est apparu comme un espace voué à la méditation, pris sous l’angle d’une antichambre, telle une salle d’attente propice à l’exploration et à l’introspection, sans choc précis mais dans un éveil des sens et une sollicitation de la conscience. Il ne s’agit pas de justifier, dans ce décor austère faiblement éclairé de la flamme vacillante d’une bougie, les impressions éprouvées qui ne sauraient être exhaustives, mais de préciser un ressenti qui ne peut être livré que de façon composée et donc non précipitée ou ‘’brute de décoffrage’’. Au travers de ces lignes, je veux dire que ces premiers instants ont été lourds de signification et ont laissé l’empreinte d’une vive émotion propre aux instants uniques, étant seule et démunie dans une cave, confrontée à moi-même dans le silence.
…….Cette paix génératrice de liberté de conscience serait-elle donc le fil conducteur à une transformation individuelle ? Ou encore, une ouverture vers un courant de pensée dans l’union avec ceux déjà Initiés, que j’ai approchés à plusieurs reprises, espérant trouver auprès d’eux une source de culture dans sa diversité rendue inaccessible dans l’espace public. Tout laissait entrevoir un dépassement des contradictions, voire de découvertes de thèmes de réflexion jamais abordés auparavant, et abandonnés depuis l’exercice d’une activité lucrative. Désormais, s’ouvre à moi une nouvelle parcelle d’intérêt, cette fois intellectuelle. A l’atrophie des facultés de réflexion par un immobilisme professionnel, l’exposition d’objets aussi divers que contrastés disposés sur une petite table noire, éclairée d’un bougeoir à une seule bougie, curieusement de couleur rouge, ne peuvent être que symboles.
Outre un crâne et quelques ossements accompagnés d’un poignard d’inspiration morbide, qui favorisent l’introspection et l’appropriation de la condition humaine, se trouvent :
- du gros sel, maintes fois cité dans la Bible au titre de l’alliance que Dieu ne peut briser (Nombres 18,11 et Chronique 13,5). Le Lévitique (2,13) fait allusion au sel qui doit accompagner les oblations. Les sacrifices doivent en être pourvus. Dans la tradition sémitique, le fait de partager le pain et le sel crée un lien indestructible. Ainsi, la Bible associe le sel à la notion d’indestructibilité, d’incorruptibilité et d’éternité.
- du pain et un verre d’eau, deux nourritures terrestres essentielles et de survie. La Bible rappelle que sur une terre aride où les sources et les rivières apportent le bien-être et où la pluie est une bénédiction, ‘’l’âme cherche son Dieu, comme le cerf altéré cherche l’eau’’ (Psaumes), parce que ‘’Dieu est semblable à la pluie du printemps et à la rosée qui donne aux fleurs leur croissance’’ (Osée, 6,3 et 14,6). Ainsi qu’il est précisé dans Jérémie, l’absence d’eau, le désert, sont une punition infligée par Dieu : ‘’L’eau réside dans le cœur du sage ; il est semblable à un puits et à une source’’ (Proverbes 20,5 et l’Ecclésiaste 21,13). L’eau est la fécondation et le germe, susceptibles d’agir sur le Néophyte en suscitant en lui une intense réflexion.
- une coupelle emplie de terre nourricière, qui donne moisson et récolte, laquelle nous renvoie au centre de tout, mais pas seulement entre Terre (la planète) et Ciel, mais entre ce qui est en-bas et ce qui est en-haut.
……Une parenthèse est insérée dans ce Travail, ultérieurement à sa rédaction première, pour souligner certaines différences entre les Rites. Notamment au REAA, qui expose dans son Cabinet de réflexion hormis un crâne, les éléments suivants : un miroir, du pain et de l’eau, d’autres symboles purement alchimiques, à savoir mercure et soufre associés à l’image complémentaire d’un sablier et d’une faux entrecroisés, celle d’un coq et de la formule hermétique ‘’Vitriol’’. Le tout augmenté des mots ‘’Vigilance et Persévérance’’, alors que paradoxalement aux trois Grades symboliques (Apprenti, Compagnon et Maître) communs à tous les Rites, il n’est jamais fait la moindre allusion à l’alchimie des éléments précités ni directement ni indirectement. Si bien que l’on peut s’interroger sur l’utilité de disperser le profane dans une multitude de symboles inappropriés ou abusifs, puisque jamais évoqués en Loge symbolique ! Quant au RER, son Rituel au Grade d’Apprenti ne dispose sur la table d’aucun symbole dans la Chambre de Préparation, mais uniquement d’objets courants (écritoire, papier, sonnette, un vase plein d’eau et une serviette), auxquels s’ajoute la Bible. Audace ou impertinence d’associer la Bible à ces objets ou de la percevoir tel un symbole ?, à moins que je ne sois totalement fermée à considérer la Bible et ses Saintes Ecritures, qui datent de plusieurs millénaires, comme un symbole, parce que ce qui est sacré ne peut être symbole, comme Dieu n’est pas davantage un symbole !
Quoi qu’il en soit le Rituel d’Apprenti au RER fait état de Tableaux, dont le premier en deux parties, pose sept réflexions tracées en lettres d’or sur fond noir ; le second Tableau affiche trois questions préparatoires d’Ordre qui interrogent sur les concepts calés sur la religion chrétienne : de la croyance en Dieu, de l’idée de la vertu dans les rapports avec Dieu et la religion, et de l’opinion des vrais besoins des hommes. Enfin, le Rituel précise que le Frère proposant (ou le Parrain) présente au Néophyte la Bible ‘’en l’invitant à l’étudier avec soin, afin de se pénétrer de la doctrine et des vérités sublimes qu’elle offre aux hommes pour les fortifier dans cette vie temporelle’’. Je m’interroge sur le temps imparti au candidat de la faisabilité d’étudier avec soin la Bible, laquelle rassemble en quelque 2600 pages plusieurs Livres. Cela n’étant naturellement de ma part qu’une lecture brute des Rituels du RER publiés par Christian Guigue. S’agissant des Rituels du REP, il est vrai que ce Rite a recours aux Ecritures de la Bible, mais tout en faisant abstraction des dogmes. Parenthèse fermée…
Au REP, le Néophyte n’est point contraint à la consultation de Tableaux exposant une liste de thèmes prédéfinis soumis à sa méditation immédiate ou ultérieure. Le candidat se voit remettre une simple feuille recto-verso sur laquelle sont posées trois Questions d’Ordre, inévitable préliminaire à la Cérémonie d’Initiation au Grade d’Apprenti. Celles-ci sont appelées en d’autres Rites ‘’Testament philosophique’’, qui n’est point de mise, dès lors qu’il ne s’agit pas ici d’une donation, d’un legs, d’une succession, pas plus que philosophique synonyme de Sagesse. En complément de ce qui est établi, on peut retenir la notion d’une volonté manifeste de Transmission. Le Maçon est un usufruitier qui transmet ses acquis, son Savoir, ses Connaissances, qui sont le fruit de ses efforts personnels. La solennité et la noblesse d’une telle volonté prennent source dans l’impérieux Devoir de Transmission imposé à tous les Membres de la Fraternité, parce que tous sont héritiers du patrimoine historique du Rite, qui doit subsister et survivre au-delà des générations suivantes.
A tout le moins, l’expression de ‘’volontés spirituelles‘’ serait admissible, parce qu’il s’agit, au REP, très clairement d’une déclaration de considération des Devoirs. Ainsi le Néophyte est appelé, non pas à une analyse de ses sentiments, mais à fournir une réponse spontanée à trois courtes questions :
- …..Quels sont les Devoirs de l’Homme à l’égard de Dieu ?
- …..Quels sont les Devoirs de l’Homme envers l’Univers, les êtres ?
- …..Quels sont les Devoirs de l’Homme envers lui-même et l’Humanité ?
……Celui qui répond à ces trois Questions d’Ordre spécule sur les valeurs qu’il estime fécondes et bienfaitrices dans ses rapports avec la société des Hommes, et qui répondent aux trois vertus théologales : Foi, Espérance et Charité. Livrer les trois réponses, qu’il portera sur le papier, signe son adhésion à faire un point de ses sentiments et convictions. Quelle que soit la qualité rédactionnelle employée, le seul fait d’avoir produit la traduction de son ressenti est un geste très fort pour lequel il s’oblige à éveiller une réflexion sur lui-même. En outre, il convient de souligner qu’il n’y a pas de réponse standard ou exacte attendue à ces questions en correspondance avec un enseignement. Les réponses données par le Candidat à l’Initiation sont spontanées et reflètent sa pensée pure à un instant précis, élargie à sa propre conviction.
…….Abandonné, livré à lui-même, le silence qui l’entoure sera à plusieurs reprises rompu de propos ayant trait à la morale et à la gravité de la démarche dans laquelle le Candidat s’est engagé. Enfin, la porte de la Chambre de réflexion heurtée à nouveau avec fracas, il lui est demandé la restitution de la feuille aux Questions d’Ordre dûment complétées. Une nouvelle fois, après de grands coups bruyants, il lui est annoncé qu’on vient le chercher pour lui faire subir de violentes épreuves physiques et morales, dans la mesure où il souhaite poursuivre, et non pas se retirer librement. Avant de sortir de la Chambre de réflexion, le bandeau recouvrant les yeux, le Néophyte se trouve saisi d’une nouvelle surprise, selon laquelle il lui est demandé de se démunir de tout ce qui est qualifié de ‘’métaux’’. Dans un acte qui marque l’abandon de tous signes extérieurs de richesse et le renoncement à l’arrogance superficielle, il remet ses effets personnels (montre, bijou, monnaie,…).
Que retenir du passage dans la Chambre de réflexion ?
…….La Chambre de réflexion constitue à elle seule, parmi les quatre Voyages de l’Apprenti qualifiés d’Epreuves au REP, une première étape par un transit au centre de la Terre ; les trois suivantes étant infligées à l’Apprenti dans le cours de son Initiation. Après les Questions d’Ordre essentielles à la compréhension et à l’assentiment du Candidat à poursuivre la voie initiatique, la première Epreuve a pour objet de le sensibiliser sur le dépouillement des métaux ayant valeur symbolique, puisque le Néophyte les récupère après sa Réception au Grade d’Apprenti. Il ne s’agit pas, dans la Tradition initiatique, d’arracher le Néophyte du monde profane au sens concret de l’expression. La Franc-Maçonnerie n’exige pas la renonciation de sa position dans la société. Elle prétend seulement conduire à un détachement du culte des contingences profanes, au profit d’une réflexion sur soi-même, d’une intériorisation. Le Maçon veillera à s’efforcer au cours de sa vie nouvelle à trouver un équilibre aussi harmonieux que possible entre la matière et la spiritualité ; conforme à l’Instruction du premier Grade au REP ‘’Pour indiquer que la valeur individuelle doit s’apprécier en raison des qualités morales. L’estime ne doit se mesurer que selon la constance et l’énergie que l’homme apporte à la réalisation du bien’’. Il est dit aussi ‘’dépouillé de ses métaux, parce que la vertu n’a point besoin d’ornements’’. L’exposition des richesses, par les métaux et tous attributs (titres et distinctions, aspect vestimentaire et moult biens), se rapporte à des signes extérieurs, soit à une représentation matérielle d’une réalité abstraite et éphémère, qui peut occuper une place prépondérante dans le monde profane, selon les individus.
……..Il en va différemment du thème des symboles, dépourvus de toute signification stéréotypée. Ils méritent un intérêt personnel qui sort du vu et du revu, parce que l’on n’apprend pas les symboles, on les découvre un à un. Ainsi le ‘’dépouillement des métaux’’ dans la Loge maçonnique n’exige pas de ses Membres le vœu de pauvreté, puisqu’elle les restitue.
……..La Franc-Maçonnerie exalte le travail. La richesse, dans la mesure où elle est le fruit du travail et seulement sous cette restriction, est une grâce. L’Initié, s’il ne méprise pas la richesse, ne se laisse pas griser par elle et sait lui attribuer sa juste place, là où elle ne nuit pas à son épanouissement cérébral et spirituel. Telle est la leçon, ou tout au moins, une des moralités à tirer du rite du dépouillement des métaux. En Franc-Maçonnerie on évoque avant tout les Devoirs et on laisse de côté les droits. Pour s’améliorer, accéder à la liberté, le Maçon doit s’imposer des devoirs et produire un effort sur lui-même, ainsi que le précise l’instruction du premier Grade au REP ‘’Est né libre, celui qui, après être mort aux préjugés du vulgaire, s’est vu renaître à la vie nouvelle que lui confère l’Initiation’’. Il exprime ainsi son abdication des vains désirs, du paraître, du superficiel que le ‘’nouvel’’ homme va volontairement congédier.
…….Rien n’interdit de penser que l’Initiation maçonnique peut instituer le Maçon dans une identité qu’il aura choisie et faire de lui une créature responsable, maître de sa propre destinée, parce que l’Initiation est libératrice. La démarche initiatique et la confrontation avec les Symboles ne sont abondantes pour l’esprit, que si elles correspondent au vécu et à la connaissance croissante du contenu des Travaux en Loge. Le Néophyte qui sort de la Chambre de réflexion peut conquérir sa propre liberté, selon sa volonté dépendante de lui seul, parce que nul ne pourra la détourner. S’il est faisable de lui montrer le chemin, il est impossible de le porter sur le chemin. Il doit contrer seul la lassitude, le découragement, le doute et les obstacles qui l’attendent, parce qu’en dernier recours, il saura qu’il peut trouver appui et encouragements auprès de la Fraternité. Pour se faire, encore faut-il qu’il ne soit pas démuni d’humilité. Cependant, si l’Initiation ne peut être délivrée par le seul discours, qui doit tendre à créer un éveil et non à émettre un signe ou un message, elle doit être conduite dans le contexte d’un groupe. Le Rituel pratiqué au sein d’un collectif d’Initiés, où règne la Fraternité, procure les garde-fous sans lesquels une démarche introspective solitaire serait vraisemblablement vouée à l’échec, ou vécue avec lenteur et lassitude.
L’Initiation selon le Rite Ecossais Primitif reste une belle aventure accessible aux Francs-Maçons de désir.
(Travail déposé sur le site en septembre 2016)