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Les Vertus théologales

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Travail ..   De la spiritualité à la sagesse
Thème      Les Vertus théologales                  
Auteur       Un Chevalier de l’Ordre, Cati Robin   

A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers

Les vertus sont une très ancienne notion philosophique qui date de l’antiquité (– 500 -300). L’enseignement de Pythagore aux membres de son collège devait permettre d’accéder à sa propre divinité intérieure ; pour Socrate et Platon, la vertu était le point central de la science du bien et de l’harmonie, évitant ainsi le chaos. Ces concepts philosophiques entre les mains des Pères de l’Église et de Saint Thomas d’Aquin sont devenus des vertus chrétiennes s’appuyant sur les Évangiles et l’enseignement de Jésus. Ces vertus sont la Prudence, la Force ou le Courage, la Tempérance et la Justice pour les vertus dites cardinales.

Nous avons deux indices pour en comprendre le sens :

  • le premier, l’étymologie de vertu, du latin virtutem, signifie force virile, et qui est traduit par : en qualité qui rend propre à produire certains effets, tant dans le corps que dans l’âme ;
  • le deuxième, qui les qualifie de cardinales du latin cardo, signifie charnière.Ces quatre vertus sont bien charnières car d’elles découlent toutes les autres et elles seront complétées par trois vertus dites théologales : Foi, Espérance et Charité ; elles formeront les sept vertus chrétiennes. Je m’attarderai ici plus particulièrement sur les théologales.

Parce que nous avons évolué, parce que nous sommes passés d’un plan de conscience à un autre, nous percevons l’espérance d’une autre vie, nous entreprenons l’édification du troisième Temple, avec des outils adaptés, des outils spirituels efficaces. J’ai nommé : La Foi, l’Espérance et la Charité, qui me semblent tellement puissantes au regard de mes possibilités d’action et trop fragiles face aux passions de ce monde !

Les vertus théologales aux nombres de trois, rappellent bien sûr la Très Sainte Trinité, et évoquent aussi les deux chevaliers et leur cheval se référant à la tripartition de l’être : Spiritus (esprit), Animus (âme), Corpus (corps).

Dans le langage courant ‘’croire’’ semble s’opposer au savoir, celui qui sait ne croit plus ; IL SAIT !  Alors cette opposition prend dans l’opinion courante une forme de ‘’hiérarchie’’, en effet n’est-il pas clair qu’il vaut mieux ‘’savoir’’ que ‘’croire’’ ?  Le premier offre une certitude et une assurance, là où le second en reste à une simple possibilité ou à un espoir. En somme, le savoir représenterait la réussite, l’aboutissement de ce qui dans le croire resterait à l’état d’ébauche, de désir inassouvi. Croire serait un pis-aller, une sorte de sous-savoir : on croirait que ‘’faute de mieux’’, lorsque le savoir est hors d’atteinte. PIRE, le croire pourrait être une solution de facilité, permettant ainsi d’éviter l’angoisse de l’ignorance et les affres de la recherche.  

La Foi

Elle n’est pas une adhésion à des théories religieuses, politiques ou philosophiques, qui nous séduisent, c’est la descente de notre intellect dans notre cœur. La Foi est la conviction profonde d’être sur le chemin de la vie, guidée par la vraie lumière.  ‘’Avoir la Foi’’, ce n’est pas se donner à soi-même des réponses toutes faites, c’est au contraire se donner soi-même en réponse à une interrogation qui nous est adressée et qui ressemble à un appel. Ce n’est pas essayer de faire correspondre la Vérité avec ses propres souhaits, mais c’est essayer de correspondre à soi-même. La Foi véritable se fonde sur l’intuition : c’est l’émergence spontanée du sens, à la manière d’une évidence, hors de tout conditionnement. L’intuition et la Foi diffèrent du raisonnement, qui est le retour de la pensée sur elle-même pour comparer ou analyser. La Foi se manifeste lorsque l’esprit est capable d’aller au-delà des raisonnements, au-delà des constructions et des idées établies. La Foi traverse la matière et trace un chemin nouveau, elle dépasse la dualité et les jugements : il n’y a plus de tri à faire puisque tout se laisse entourer de la lumière divine. Pour s’épanouir la Foi nécessite d’abandonner ses attachements, y compris l’attachement aux dogmes et aux traditions religieuses.  Il faut laisser de côté la complexité des idées duales pour que la Lumière divine puisse enfin nous toucher. Il faut lâcher prise, renoncer, bref “mourir à soi-même”. C’est ainsi que pourra s’établir la connexion entre l’âme et l’Esprit divin, entre l’Homme et le Tout.   Un lien essentiel existe alors entre la Foi et cette autre notion qui lui est étymologiquement apparentée, j’ai nommé : la confiance.

Faire confiance, c’est s’en remettre (se fier ou se confier) à un être qui pourrait mentir, trahir, mais qui librement se tourne vers moi et s’adresse à ma liberté, attendant de moi une réponse que je suis libre de donner ou non.

La Foi se vit dans le cœur et n’est en rien rattachée au mental, elle sommeille en chacun de nous. La Foi naît de l’intérieur, elle est une force, une certitude profonde qui nous anime, elle est là depuis notre naissance, on n’en hérite pas, elle est intemporelle. La Foi, contrairement à la simple croyance, affronte le risque de mensonge, de trahison et de doute : elle ne les dépasse qu’en acceptant d’abord de passer par eux. Je n’étais pas habituée à lui laisser une place dans ma vie, puisque j’étais programmée pour chercher toute vérité à l’extérieur. La rédemption possible pour l’homme réside dans la Foi, dans sa sincérité et sa profondeur. L’homme est souvent éprouvé par les embûches rencontrées dans sa marche, mais jamais sans qu’il ne soit en mesure de les surmonter s’il en a la volonté. Chacun possède l’intelligence lui permettant de percevoir : percer-pour-voir la Voie, ce qui implique que l’on peut considérer la Foi comme un aboutissement. Avoir la Foi, sans condition, constitue l’entrée dans le cheminement initiatique que propose l’amour inconditionnel. Le Temple est le deuxième corps de l’homme qui contient le corps de lumière. Mais la pure lumière est hors de portée du premier corps c’est-à-dire inaccessible à la pensée humaine. L’essentiel de la Foi reste la rencontre de l’inconnu, elle entre dans l’Homme et le fait cheminer, développant en lui l’Espérance, la Charité et l’Amour.

‘’Que chacun dans sa foi cherche en paix la lumière.’’ (Voltaire).

L’Espérance

L’Espérance est une confiance pure et désintéressée en l’avenir. C’est une valeur présente dans diverses traditions religieuses ou spirituelles. Elle vient de la perception d’une énergie lumineuse intérieure et produit un dynamisme efficace, une force réconfortante, une sérénité apaisante. L’Espérance, ne s’éteint jamais, elle résiste au-delà des moments difficiles car elle s’inscrit dans un temps long, elle traduit une confiance profondément ancrée, elle porte une dimension transcendantale. L’Espérance est indissociable de la paix intérieure, de la sérénité et de la sagesse. 

Les auteurs grecs Homère et Hésiode ont considéré l’Espérance comme une attente rationnelle de l’à-venir. Pour d’autres, ce serait plus une attente confiante, une presque certitude d’un souhait. Chez les Théologiens, les Pères de l’Eglise, elle deviendra une vertu liée à la croyance. Pour le chrétien la lueur, qui ne s’éteint jamais face aux éclipses de l’espoir, vient de ce que  »La victoire produit l’Espérance et que l’Espérance face à l’espoir ne se trompe pas.’’ (Saint Paul). Il arrive que la Foi se heurte à des contradictions, des incompréhensions, le fossé se creuse parfois entre ce que nous attendons et notre condition actuelle ; mais selon Saint Paul nous allons de succès en succès, la première victoire du croyant dans l’épreuve sera la constance, la seconde sera une victoire sur l’usure, ces deux victoires au cœur de l’attente sont déjà la mise en œuvre de l’Espérance. L’objet de notre Espérance est la Résurrection et la vie éternelle. Au cours de mes lectures j’ai rencontré une définition qui date de 1818 que j’estime bien adaptée, je vous la livre   ‘’La vertu d’Espérance répond à l’aspiration au bonheur placée par Dieu dans le cœur de tout homme ; elle les purifie pour les ordonner au Royaume des cieux ; elle protège du découragement ; elle soutient en tout délaissement ; elle dilate le cœur dans l’attente de la béatitude éternelle. L’élan de l‘Espérance préserve de l’égoïsme et conduit au bonheur de la charité’’.

La Charité

Le terme français de ‘’charité’’, dans son usage courant, ne recouvre pas toutes les significations de son concept. Il provient du latin Caritas qui signifie un amour d’affection, de tendresse, de bienveillance, il s’oppose à Amor, l’amour passion. Dans la religion chrétienne, la Charité prend une autre dimension, fondée sur l’amour de Dieu, elle est une ouverture à l’autre jusqu’à l’oubli de soi. Les premiers chrétiens se sont attachés à observer le commandement donné par Jésus : ‘’Aimez-vous les uns les autres » (Jean, XIII, 34). Les écrits johanniques semblent limiter la Charité aux frères dans la Foi, alors que les trois premiers Evangiles insistent sur la dimension universelle de la charité chrétienne et sur l’aspect concret qui en découle. Paul, dans sa première Lettre aux Corinthiens, fait l’éloge de l’Agapè, de cette charité fraternelle différente de l’amour passionnel, parce qu’elle prend origine en Dieu qui est amour. Cette charité, décrite comme un comportement de renoncement à soi, est ainsi une pratique fondée sur la Foi et l’Espérance. Paul affirme qu’elle est la plus grande de ces trois vertus que la tradition désignera comme théologales, au sens où elles mettent en communion avec Dieu. Même si au cours des siècles, la charité a souvent été réduite à une pratique plus ou moins occasionnelle de bonnes œuvres ; elle demeure pour les chrétiens le plus grand commandement social par le respect d’autrui et de ses droits, elle est exigence de justice, elle est plénitude de la loi. Est-ce que la Charité est une obligation morale ?  Non, elle est un élan du cœur, le véritable amour de l’autre, et la spontanéité d’aller vers l’autre. Mais il faut s’aimer soi-même pour être capable d’aller vers les autres. Alors entre en scène le vieux proverbe : ‘’ Charité bien ordonnée commence par soi-même ‘’ (ainsi il est moins ironique !). La Charité en terme laïc est la Fraternité qui est l’amour ; la Charité ou encore la Fraternité s’inscrit dans une logique de don. Pour Saint Thomas d’Aquin et Pascal, la Charité incarne un ordre de supériorité dans la mesure où le bien divin est supérieur au bien simplement humain. La vertu cardinale de Justice est une vertu humaine, la vertu théologale de Charité est une vertu divine. Pour prendre la mesure du caractère sublime de ce que Pascal appelle la supériorité, il faut absolument lire ‘’Le sermon sur la montagne’’ (Saint Mathieu 5, 6, 7).

Je cite Saint Thomas « Dans le Royaume, il n’y aura plus la foi, il n’y aura plus l’espérance, dans le Royaume il n’y aura que l’amour ‘’.  Et il ajoute cette phrase que l’on peut désormais comprendre : « D’ailleurs le Christ n’a jamais eu la foi ni l’espérance et cependant il était d’une charité parfaite’’.

Confucius conclut cette étude : « aimons les autres comme nous-mêmes ; mesurons les autres par nous, estimons leurs peines et leurs jouissances par les nôtres. Quand nous comparerons les autres à nous ; quand nous leur souhaiterons ce que nous désirons pour nous-mêmes ; quand nous craindrons pour eux ce qui fait le sujet de nos craintes, alors nous suivrons les lois de la véritable Charité. ‘’ (Les entretiens VIème siècle av. J-C.)

Ce dernier propos sur les vertus théologales revient à Louis-Claude de Saint Martin :

« Homme, le sentiment de tes besoins spirituels t’amène l’espérance et le désir, qui est une foi commençante ; le sentiment de l’esprit et de la vraie nature t’amène la foi, qui est une espérance complète ; le sentiment du Dieu homme et réparateur t’amène l’amour et la charité, qui sont l’action vivante et visible de l’Espérance et de la foi. »

 (Morceau d’architecture déposé sur le site en juin 2021)