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Tressan (Comte de)

Comte de Tressan (1705 – 1783)                       Source : Philippe Colaneri

Louis, Elisabeth de La Vergne, comte de Tressan

Compagnon du jeune Louis VI dès l’âge de 13 ans, ainsi du reste que de M. de Calvières (son frère en Maçonnerie), le comte de Tressan accomplit une carrière de militaire, de courtisan et d’homme de lettres. C’est au début de février 1737 que Tressan est devenu Maçon, ainsi qu’en fait foi une correspondance de nouvelliste à la main : « … Le comte de Tressan, qui est un des nouveaux prosélytes, a fait une ode en l’honneur de cette congrégation… » (BN, ms. fr. 13694, publié sous le titre Nouvelles de la cour et de la ville (1734-1738) par Ed. de Barthélémy, Paris, 1879, p. 136).

Tressan est, en effet, l’auteur de poésies maçonniques. La plus ancienne s’intitule : « A milord Darnwatter, le Très Vénérable Grand Maistre. Placet à Milord Darnwatter pour estre reçus  dans l’ordre… » (Bibl. d’Epernay, ms. 124, f° 14 r°-v°). Une deuxième très brève après sa réception se trouve au ms. fr. 12810, f° 25 v°, et elle suit dans le manuscrit une ode en cinq strophes à la gloire de l’Ordre (ibid, f° 24-25). C’est la deuxième strophe de cette ode qui fut insérée par Ramsay dans son célèbre Discours.

Tressan a sans doute appartenu à la loge du Grand Maître Derwentwater. A-t-il été ensuite, comme l’indique le Catalogue des personnages illustres Francs-Maçons publié par le G\O\ en 1939, membre de la loge de La Candeur à l’Orient de Strasbourg ? Le dossier subsistant de cette loge ne confirme pas cette indication.

Son attachement à Derwentwater est, en tout cas, chose certaine. Gouverneur de Boulogne-sur-Mer, il écrivit au secrétaire d’Etat à la Guerre d’Argenson, le 7 décembre 1746, pour le supplier d’intervenir en faveur de l’ancien G\M\ (Angleterre, Corr. pol., vol. 422, f° 460-470), mais sans succès.

Au cours de sa carrière assez dispersée, Tressan fut grand maréchal de la cour du roi Stanislas jusqu’à la mort de celui-ci en 1766. Il fut l’un des membres les plus actifs de l’Académie de Nancy et s’y retrouva avec Dominique O’Héguerty, comte de Magnières, ainsi qu’avec le célèbre Fréron, membre lui aussi de la Fraternité. Durant son séjour lorrain, il eut des démêlés, car il était philosophe et libéral (il correspondait avec Voltaire), avec le confesseur jésuite de Stanislas, le P. Menoux.

Il avait épousé une Russell de la branche des ducs de Bedford. Esprit encyclopédique, le comte de Tressan s’intéressa à l’électricité et devint membre de l’Académie des sciences. Il fut élu sur le tard à l’Académie française. Il peut être rattaché en effet au courant préromantique, pour avoir publié et mis au goût du jour les romans de chevalerie. Il est possible qu’il ait fréquenté les Hauts Grades du Rite Ecossais dont le rituel a un côté scénique et dramatique qui frise le mélodrame et il semble avoir uni en sa personne le chevalier croisé et le Maçon ainsi que le philosophe libéral, heureuse rencontre de courants différents que la Révolution allait dissocier pour longtemps.

(Document déposé sur le site du Rite Ecossais Primitif en décembre 2013)