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Payne George

George Payne (? – 1757)

Pourquoi situer George Payne dans notre rubrique ‘‘Boulevard des Jacobites’’ ?

Parce que nous sommes tout particulièrement attachés aux travaux du Grand Maître Robert Ambelain, de qui nous tenons notre filiation, et par voie de conséquence nous nous référons à son ouvrage ‘‘La franc-maçonnerie oubliée’’.

Aussi, nous nous reportons aux écrits de R. Ambelain, dans son ouvrage précité (p. 216), lesquels figurent en avant-propos des Constitutions de 1720[1] que le Grand Maître a retenues, parmi les textes fondateurs, pour le Early Grand Scottish Rite (Rite Ecossais Primitif).

La Maçonnerie dite de ‘‘Saint-Germain’’, c’est-à-dire constituée essentiellement en 1688 par les loges militaires des régiments irlandais et écossais ayant suivi le roi Jacques II en son exil, n’est déjà plus la Maçonnerie Opérative des confréries de constructeurs ; l’apport des Maçons Acceptés, c’est-à-dire de nobles ou de bourgeois à la formation plus ou moins intellectuelle, en fait une Maçonnerie Spéculative. […] Cette maçonnerie se reflète dans les loges militaires…, a sa sa sœur jumelle en Grande-Bretagne, et ayant choisi la maison d’Orange comme dynastie régnante en place des Stuarts, avec Guillaume III, époux de Marie II Stuart, fille de Jacques II en exil. Tout porte à croire que les deux Maçonneries ont des contacts discrets, car on ne connaît qu’une Ordonnance Générale gouvernant les loges pour cette période, et Anderson et Desaguliers n’ont pas encore fait leur révolution doctrinale.

Nous reprenons ci-dessous les quelques lignes de son introduction à La franc-maçonnerie jacobite, par lesquelles Robert Ambelain fait référence à l’adoption des :

« Statuts et Règlements généraux de la Confrérie des Francs-Maçons, compilés en l’année 1720 par George Payne, alors Grand Maître, et approuvés le jour de la Saint Jean-Baptiste 1721, par le très noble Frère Jean, duc de Montagu, et par la Grande Loge qui le choisit comme Grand Maître. »

et des

« Ordonnances générales des Francs-Maçons tirées des archives de l’Ordre, et rédigées en 1720 par ordre du Grand Maître, le Frère George Payne, écuyer, et lues le 21 juin de la même année dans l’assemblée de Stationers Hall… et en conséquence sont communiquées et mises en pratique par toutes les loges légales. »

Qui est George Payne ?

Pour répondre à cette question, nous avons fait appel au Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie de Daniel Ligou (PUF), n’ayant pas recensé d’autres ouvrages présentant le personnage de façon aussi détaillée.  Deuxième, puis quatrième Grand Maître de la Grande Loge de Londres.

Esquire, il fut Secrétaire à la Perception Générale des Impôts pendant quelque quarante ans ; il fut alors promu, en 1743, Secrétaire en chef, succédant dans ce poste au Frère Francis Sorrell.

Selon James Anderson (1738), George Payne fut élu Grand Maître des Maçons à l’Assemblée Générale et Fête annuelle de la Grande Loge de Londres, du 24 juin 1718, et fût dûment investi, installé et félicité. Puis, après avoir reçu l’hommage des Frères, il recommanda la stricte observance des assemblées trimestrielles. Il souhaita que les Frères apportent à la Grande Loge tout écrit ou document d’archive concernant les Maçons et la Maçonnerie afin de (mieux) connaître les anciens usages : et cette année-là plusieurs copies des Anciens Devoirs ou ‘‘Constitutions Gothiques’’ furent produites et collationnées. […]   Le 24 juin 1719, lui succéda Jean Théophile Désaguliers.

A l’Assemblée Générale et Fête annuelle du 24 juin 1720, George Payne fut à nouveau élu Grand Maître. Cette année-là, dans quelques loges privées (private), plusieurs manuscrits de valeur concernant la Fraternité, ses loges, règlements, devoirs, secrets et usages – dont un manuscrit de Mr. Nicholas Stone – furent hâtivement brulés par des Frères trop scrupuleux, de crainte qu’ils ne tombent dans des mains profanes. […]

A la Tenue de la Grande Loge du 25 mars 1721, John, duc de Montagu, Maître d’une loge, fut élu Grand Maître et installé le 24 juin suivant. J. Anderson signalera que ce fut aussi ce 25 mars 1721 que fut fait le constat, par George Payne, du nombre sans cesse croissant des loges.   Or, cette Assemblée Générale et Fête annuelle de Grande Loge du 24 juin 1721, fut remarquable à plus d’un point de vue ; en effet : George Payne ‘‘montra un ancien manuscrit des Constitutions, vieux de cinq cents ans – on sait aujourd’hui qu’il s’agissait du fameux Ms Cooke – qu’il s’était procuré dans l’ouest de l’Angleterre’’ ; il « donna lecture d’un nouvel ensemble d’articles à observer » et fit approuver ces Règlements Généraux, qu’il avait compilés en 1720 ; J. Th. Desaguliers fit enfin un Discours sur les Maçons et la Maçonnerie qui ne nous est pas parvenu ; etc.

D’après la liste Manuscrite des loges de la Grande Loge, du 25 novembre 1723, George Payne est le Député Maître de la Loge The Horn, à Westminster, dont le Maître est Sa Grâce le duc de Richmond. Il est le Second Grand Surveillant de la Grande Loge, choisi précisément par Richmond, nouveau Grand Maître, le 24 juin 1724, et il exercera ces fonctions jusqu’au 27 décembre 1725. A l’Assemblée trimestrielle du 24 juin 1727, il est l’un des trois Frères nommés par le Grand Maître au Comité de Charité. Il sera de nouveau cité en cette qualité à l’Assemblée trimestrielle du 28 août 1730.  D’une façon générale, il sera très assidu à ces Tenues ; il en présidera même une, comme Grand Maître pro tempore.

[…]

Il sera membre du Comité de la Grande Loge chargé, en 1756, de la révision des Constitutions et le Dr Entick, l’éditeur de celles-ci, rendra hommage à son zèle et à sa ferveur. La dernière Tenue de Grande Loge, à laquelle il assistera, sera celle de novembre 1756.

Après une vie maçonnique aussi bien remplie, il s’éteint le 23 février 1757. Sa mort sera annoncée dans le London Chronicle du 26 de ce mois. Son testament nous a été conservé.

(Document déposé sur le site du Rite Ecossais Primitif en décembre 2013)


[1]    Alors que ces Constitutions sont bien connues du grand public, puisqu’un grand nombre de sites les rend accessibles, nous les avons cependant reproduites en copie à l’identique et ce à partir des feuillets dactylographiques que le Grand Maître Robert Ambelain a laissés dans les archives de la Grande Loge Française du Rite Ecossais Primitif. (voir notre volet ‘‘Textes et Documents’’ : Les Constitutions de 1720).

Par ailleurs, ces Ordonnances Générales des Francs-Maçons figurent dans l’ouvrage de Robert Ambelain, ‘‘La franc-maçonnerie oubliée’’ – Robert Laffont, avril 1999.