J.H. Maclean (1703 – 1750) Source : Pierre Chevallier
Mac Leane ou Maclean (James, Hector, 5e baronnet de Duart) Duart Castel – Ecosse, ci-contre.
C’est sous le nom de Maskelyne que Lalande dans son Mémoire historique désigne celui qui exerça comme Derwentwater la Grande Maîtrise de l’Ordre en France. Le gazetin conservé au manuscrit d’Epernay nous apprend que Mac Leane a précédé Derwentwater, puisque celui-ci fut proclamé à ‘‘la place du haut et puissant seigneur Hector Mac Leone (sic) chevalier baronnet d’Ecosse qui avait continué dans cette honorable charge par élection pendant plusieurs années au consentement de la société’’.
Qu’est-ce à dire ? Faut-il admettre qu’après la mort de Philippe, duc de Wharton, survenue en 1731[1], et dont on peut penser qu’il a pu exercer une Grande Maîtrise à l’Orient en France de 1728 à 1731, H. J. Mac Leane a exercé la Grande Maîtrise de 1731 à 1735, soit pendant plusieurs années. Est-ce bien du baronnet qu’il est question en qualité de G:.M:. (Great Master) dans une lettre d’un jacobite écrite d’Avignon le 22 avril 1736 et adressée à lord Sempill, agent de Jacques III à Paris ? C’est très plausible. D’ailleurs comme la Grande Maîtrise était alors annuelle, il n’est pas tout à fait impossible que Derwentwater ait été une première fois Grand Maître de 1731 à 1732 et qu’ensuite Mac Leane lui ait succédé de 1733 à 1736. Une autre preuve de la Grande Maîtrise de Mac Leane est donnée par sa signature sur les ‘‘Règlements généraux modelés sur ceux donnés par le puissant prince Philippe duc de Wharton, Grand Maître des Loges du Royaume de France, avec les changements qui ont été faits par le présent Grand Maître Jacques Hector Mac Leane, chevalier baronnet d’Ecosse ».
Né à Calais en 1703, Mac Leane serait mort dans la pauvreté d’un exil romain en 1750. Il devint lord et pair d’Ecosse à la mort de son père en 1716. Après avoir étudié à Edimbourg, il revint en France en 1721 et habita soit Paris, soit Boulogne-sur-Mer jusqu’en 1745. Il participa à l’expédition d’Ecosse de 1744-1745, fut fait prisonnier en Ecosse, se retrouva à la Tour de Londres, mais, plus heureux que Derwentwater, échappa à l’échafaud. Comme beaucoup d’émigrés jacobites, Mac Leane vivait d’une pension du Prétendant. Celui-ci, en 1734, s’inquiétait du sort de sir Hector retenu en prison pour dettes… C’est en vain que Jacques III intervint en sa faveur. Lors de sa captivité, le Prétendant se préoccupa beaucoup du sort du baronnet et de sa libération, sans tenir compte des suspicions de trahison élevées contre Mac Leane et dont on trouve trace dans des gazetins. Lors de son retour en France, il ne fut pas le seul à se trouver dans une situation difficile. Avec d’autres amis émigrés, il adressa une lettre à un destinataire non identifié, peut-être lord Sempill, lettre dont l’original avec les signatures authentiques se trouve au volume Angleterre, n° 39 f° 295, dans laquelle il est question d’une résolution à prendre tout en sauvegardant l’honneur et le devoir. Les appréciations sont là-dessus divergentes, Mellor est à son égard dithyrambique (La Charte inconnue de la Franc-Maçonnerie chrétienne, p. 67). Au contraire, l’agent secret de Louis XV en Ecosse, Boyer d’Eguilles, qui a dressé un précieux répertoire des jacobites enrichi d’appréciations, n’est pas tendre pour Mac Leane : ‘‘baronnet d’Ecosse et chef d’une tribu fort considérable qui porte son nom. Il fut fait prisonnier à la mer en venant de Dunkerque en Ecosse, ce qui l’empêcha d’armer ses vaisseaux dont très peu nous joignirent. Tout son bien ayant été confisqué et n’ayant d’emploi nulle part, il est dans le cas de ceux dont le destin est lié à celui du prince et qui sont faits pour tout oser avec luy. C’est un homme fort borné d’environ cinquante ans’’.
Dernier détail, Mac Leane, lorsqu’il était candidat comme lieutenant-colonel dans le régiment de Drummond, séjourna en Artois à Saint-Omer. Aurait-il eu quelque chose à voir avec la fondation du Chapitre d’Arras qu’une tradition non vérifiée fait remonter à 1747 et attribue au prétendant Charles-Edouard, fils de Jacques III ?
Ci-contre généalogie du Clan Maclean.
source : http://www.duartcastle.com/castle/castle_duartmac.html
(Document déposé sur le site du Rite Ecossais Primitif en décembre 2013)
[1] Nous rajoutons à la rédaction de Pierre Chevallier un passage signé André Kervella (issu de son ouvrage La Passion Ecossaise) : « En 1735, James Hector MacLeane ordonne la rédaction de nouveaux règlements devant s’appliquer à toutes les loges du royaume de France. Dans un passage explicatif, il prévient que l’observance desdits règlements a été négligée depuis la disparition du duc de Wharton, au préjudice de l’harmonie générale, et qu’il s’est avéré utile de les refaire afin que, portés à la connaissance de chaque nouveau frère, ils soient désormais uniformes partout. C’est ainsi que, le 27 décembre, au cours d’une assemblée de la grande loge de Paris, il appose sa signature et son sceau sur le texte de référence, dont la mise au net a été réalisée par le secrétaire John More ».