Accueil » Les chroniques écossoises » Acta Latomorum

Acta Latomorum

  Les chroniques écossoises du REP  

 Titre

Acta-Latomorum ou Table chronologique de l’histoire de la Franche-Maçonnerie

 Auteur      Claude-Antoine Thory
 Source 

…..Edition 1815 digitalisée disponible chez Google, 

     Tome premier, éditeur Pierre-Elie Dufart, libraire à Paris

 

…..Parallèlement aux annales maçonniques écrites par Robert Amadou figurant dans ce même volet de nos Chroniques écossoises ainsi que l’arborescence des souverains de Grande-Bretagne intégrées dans notre dossier ‘‘Genèse de la Franc-Maçonnerie dite moderne’’, nous avons extrait de la chronologie du Frère Thory les faits les plus remarquables de l’Institution et des Jacobites en Angleterre, en Ecosse et en France, recensés par l’auteur depuis les temps obscurs jusques en l’année 1814.

Nous avons donc privilégié les articles regroupés sous une tête de chapitre intitulé Angleterre, Ecosse et France, reprenant également l’avertissement qui figure en préface de l’ouvrage, dans lequel il est demandé d’observer la division de ces articles en plusieurs paragraphes, à compter des époques auxquelles de nouveaux corps maçonniques paraissent sur la scène. Et si des fragments ayant pour titre Angleterre ou Ecosse sont présentés sans divisions, on doit entendre que les anecdotes citées concernent soit la Grande Loge Nationale d’Angleterre fondée en 1717, soit la Grande Loge de Saint Jean d’Edimbourg, établie en 1736, ou bien l’histoire générale de l’Institution dans ces contrées.

Première époque

Elle comprend les temps obscurs de l’histoire de la Franche-Maçonnerie, c’est-à-dire depuis l’an 227 jusques en 1717, époque à laquelle cessent toutes les incertitudes historiques. La chronologie qui va suivre est celle adoptée par les Maçons de l’Angleterre et de l’Ecosse, qui font dériver des anciens Architectes et Ouvriers constructeurs l’origine de l’institution maçonnique.

ANGLETERRE

287     Carausius, né dans la Gaule Belgique et mort en 293, se fait reconnaître empereur par les légions de la Grande-Bretagne. Ce Général, qui voulait fonder l’empire breton, encourage les arts et particulièrement celui de la Maçonnerie. Il donne à Albanus, intendant de sa maison (connu depuis sous le nom de Saint-Alban, premier martyr de l’Angleterre) la direction particulière des ouvriers Maçons, auxquels il accorde des franchises et la permission de s’assembler sous sa protection.
Preston a dit qu’il existait autrefois un ancien manuscrit qui a été perdu, dans lequel on lisait que Saint-Alban avait protégé la Confraternité des Maçons ; que l’empereur Carausius avait autorisé une réunion annuelle qu’on nommait Assemblée générale. Selon ce manuscrit, Saint-Alban fut nommé gouverneur et intendant de la Maçonnerie ; les ouvriers étaient appelés Frères Maçons.

557     L’expulsion des Romains arrête les progrès de l’art de construire. L’irruption des Ecossais et des Pictes, l’ignorance des Saxons, qui se rendent maîtres de la Grande-Bretagne, sont la cause de la décadence de la Maçonnerie : néanmoins … les arts fleurissent de nouveau. Saint-Austin (Saint-Augustin) aborde en Angleterre avec quatre moines ; ils y apportent le feu sacré des sciences qu’ils avaient su conserver. Saint-Augustin se met à la tête de la Confraternité, fonde la cathédrale de Cantorbery en 600, celle de Rochester en l’année 602, Saint-Paul de Londres en 604, Saint-Pierre de Westminster en 605, et beaucoup d’édifices.

680     Krend, roi de Murcie, nomme Bennet, abbé de Wiral, inspecteur-général et surintendant de la Maçonnerie. Ce fut, dit-on, à cette époque des Maçons bien instruits qui arrivèrent de France et coopérèrent à la construction d’un grand nombre d’édifices dans la Grande-Bretagne.

La Maçonnerie est languissante pendant près de deux siècles. […]

Par référence à l’arborescence des monarques de Grande-Bretagne à laquelle nous faisons allusion en introduction, nous citons :

872     Alfred-le-Grand, le plus illustre des rois saxons, monte sur le trône, favorise les arts utiles, et particulièrement celui de la Maçonnerie. Il emploie les maçons à rétablir les châteaux et les villes incendiées pendant la guerre contre les Danois. Ils obtiennent la même protection sous le règne d’Edouard, successeur d’Alfred. Ethred, beau-frère du roi de Murcie, et Ethelward, son frère, excellents architectes, sont chargés de l’inspection des travaux de la Confraternité.

924     Le roi Athelstan encourage les Maçons qu’il protège jusqu’à la fin de son règne et leur donne pour surveillant le prince Edwin, qui devient Grand Maître. Avec le consentement du roi, il établit le chef-lieu de la Confraternité à York. C’est de ce centre, qu’on appelait Grande Loge, que relevait une grande partie des Loges ou réunions particulières des Maçons de la Grande-Bretagne.

959     Les Maçons ayant été dispersés après la mort de ce prince, ils se réunissent sous le règne d’Edgard. Saint-Dunstan, archevêque de Cantorbery, les emploie à différentes constructions, et devient leur patron. Après sa mort, la Maçonnerie languit pendant un demi-siècle.

1042   Edouard-le-Confesseur se déclare le soutien de la Confraternité : il surveille lui-même l’exécution de plusieurs travaux. […]

1100   Les Maçons tiennent leurs assemblées ordinaires sous la protection de Henri 1er.

1135   Etienne de Blois, successeur de Henri, leur accorde des privilèges. Sous ce règne, comme sous le précédent, les ouvriers sont employés à bâtir la chapelle de Westminster, aujourd’hui la chambre des Communes, Gilbert de Clare, marquis de Pembrocke, est élu GM (Grand Maître).

ECOSSE

1150   La Confrérie des Maçons fut établie en Ecosse vers cette année, et le siège des grandes assemblées de réunion est fixé selon Lawrie, dans le village de Kilwinning. Les Maçons sont protégés sous le règne d’Alexandre III et de ses successeurs ; ils construisent la tour et l’abbaye de Kilwinning et des monuments dans les provinces de l’Ecosse. Il paraît que les guerres qui agitaient presque toute l’Europe dans ce siècle, avaient obligé les architectes et les Maçons à chercher un asile dans un climat plus paisible, et que l’Ecosse fut le lieu de leur rendez-vous. Cette année-là est, selon quelques historiens, l’époque de la fondation de la Grande Loge de Kilwinning. Toutes les Loges de l’Angleterre et de l’Ecosse se trouvaient dans la juridiction soit de cette Grande Loge, soit de la Grande Loge d’Yorck.

ANGLETERRE

1155   Henri II fait fleurir l’art de la Maçonnerie en Angleterre ; les ouvriers sont protégés par le roi et par le Grand Maître des Chevaliers du Temple. Les Templiers administrent l’association jusqu’à la mort de Richard Cœur-de-Lion. Jean Sans-Terre étant monté sur le Trône, Pierre de Colechurch est nommé GM. […]

1216   Sous le règne de Henri III, Pierre de Rupibus, évêque de Winchester, est nommé G:.M:. Ce prélat choisit pour lui succéder Geoffroy Fitz-Peter.

1272   Lorsqu’Edouard Ier monta sur le trône, la surintendance des Maçons fut confiée à Gauthier Giffard, archevêque d’York, à Gilbert de Clare, comte de Glocester, et au lord Ralph de Mount-Hermer, chef de la maison de Montagues. Les Maçons achèvent, sous leur direction, l’abbaye de Westminster.

1307   Sous le règne d’Edouard II, Gauthier Stapleton est nommé G:.M:. Les Maçons sont employés à bâtir les collèges d’Oxford, ainsi que d’autres monuments.

ECOSSE

1314   Robert Bruce, roi d’Ecosse sous le nom de Robert Ier, crée le 24 juin, après la bataille de Bannockburn, l’Ordre de St.-André du Chardon, auquel fut uni, depuis, celui de Heredom (H-D-M), en faveur des Maçons écossais qui faisaient partie des trente mille hommes avec lesquels il avait battu une armée de cent mille Anglais. Il se réserve à perpétuité, pour lui et ses successeurs, le titre de Grand Maître. Il fonde la Grande Loge royale de l’Ordre de H-D-M à Kilwinning, et meurt comblé de gloire et d’honneur le 9 juillet 1329 (Dogme rituel et instructions du régime écossais de H-D-M. Manuscrit de la bibliothèque de la M.-L. du Rite phil.).

ANGLETERRE

1327   Edouard III, que l’histoire représente comme un prince protecteur des sciences et des arts, se met à la tête de la Confraternité des Maçons, dont il se déclare GM. […]

1413   Henri V monte sur le trône. Le gouvernement de la Confraternité est confié à Henri Chicheley, archevêque de Cantorbery. La Maçonnerie est florissante pendant les premières années de la minorité de Henri VI.

1425   A l’instigation de Henri, duc de Beaufort, archevêque de Winchester, gouverneur du jeune roi, le Parlement supprime les assemblées des Maçons, qui continuèrent leurs travaux sous les auspices de l’archevêque de Cantorbery, malgré les ordres.

ECOSSE

1429   Jacques Ier régnait alors en Ecosse et favorisait l’art de construire. Dans un premier temps, les Frères tenaient leurs assemblées à Kilwinning : eux-mêmes élisaient leur G:.M:., mais ils devaient le choisir dans le clergé ou dans la noblesse, et soumettre leur nomination à l’approbation du roi, qui assignait à l’élu un impôt de quatre livres, monnaie d’Ecosse, à prendre sur chaque maître Maçon, ainsi qu’un droit de réception sur chaque nouveau membre. Ce G:.M:. exerçait une juridiction sur tous les Maçons, et tenait son tribunal dans l’intérieur de la salle d’assemblée des Frères. Des tribunaux particuliers étaient institués dans les principales villes de l’Ecosse ; c’est là que les contestations de peu d’importance étaient décidées par des officiers qui substituaient le Grand Maître.

1437   Jacques II, roi d’Ecosse, nomme Guillaume Sinclair, comte d’Orkney et de Caithness, baron de Rosslyn, chef et gouverneur des Maçons, en considération de l’intérêt que ce seigneur avait pris aux succès de la Confraternité et des services que les Maçons avaient rendus à la famille royale par ses conseils et sous sa direction. Le roi voulut que cette dignité fût héréditaire dans sa famille et appartint à ceux qui succéderaient à la baronnie de Rosslyn. Le titre demeura, en effet, dans la famille des Sinclair jusques en l’année 1736, époque de la fondation de la Grande Loge de Saint-Jean d’Edimbourg.

ANGLETERRE

1442   Le roi Henri VI, devenu majeur, questionne plusieurs Maçons sur les mystères de leurs réceptions et l’objet de leurs études. Satisfait de leurs réponses, il se fait admettre dans la Confraternité, la protège, se fait représenter les anciennes chartes concernant ses privilèges, et les approuve, de l’avis de son conseil. Il s’applique à l’étude de l’art ; son exemple est suivi par tous les seigneurs de la cour. Il nomme, en 1443, pour Grand Maître, Guillaume Wanefleet, évêque de Winchester : celui-ci fait construire à ses frais le collège de la Magdeleine, à Oxford, et un grand nombre d’édifices religieux. Henri lui-même et son épouse fondent plusieurs établissements pieux.

1471   La Maçonnerie éprouve une sorte de décadence pendant les guerres civiles des maisons d’Yorck et de Lancastre ; mais elle se relève sous le règne d’Edouard IV, qui nomme pour GM Richard de Beauchamp, évêque de Sarum ; il honore ce prélat du titre de chancelier de la Jarretière pour avoir réparé le château de la chapelle de Windsor.

1483   Sous les règnes d’Edouard V et de Richard III, la Maçonnerie est négligée et abandonnée. Deux ans après, sous Henri VII, elle reprend tout son éclat. François-Pierre Daubusson, GM de Malte, et les chevaliers de l’Ordre font tous leurs efforts pour le soutenir. […]

1561   Thomas Sackville accepte, sous le règne d’Elizabeth, la dignité de G:.M:. Les assemblées ordinaires de communication entre les ouvriers Maçons ont lieu à York ; beaucoup de Loges s’établissent dans toutes les parties de l’Angleterre. Le 27 décembre, la reine, qui avait conçu des soupçons contre les réunions maçonniques, envoie des hommes armés avec ordre de dissoudre l’assemblée annuelle des Maçons réunis à Yorck pour célébrer la fête du patron de l’Ordre. Le G:.M:. et ses Surveillants, instruits à temps, vont au-devant du détachement et persuadent les officiers d’entrer dans l’assemblée, pour vérifier eux-mêmes ce qui s’y passait, avant d’exécuter leur mission. Ces officiers sont initiés et rendent à la reine un compte si avantageux de l’objet de ces réunions, que cette princesse révoque ses ordres : elle devint même, par la suite, la protectrice des Maçons. […]

ECOSSE

1590   La Maçonnerie fut florissante sous les rois d’Ecosse qui succédèrent à Jacques II. Jacques VI la protège particulièrement. On conserve dans le livre secret des sceaux d’Ecosse une lettre datée de Holyrood House, du 25 septembre 1590, écrite de la main de ce prince, adressé à Patrick Copland de Udaugt, à l’occasion de l’emploi de Surveillant (the office of Wardanrie) sur l’art et métier de la Maçonnerie, qu’il exerçait à Aberdeen, Banff et Kincardine.

1600   La Grande Loge de Kilwinning se réunit en grande assemblée de communication. On élit à la place de grand Surveillant (Warden) Thomas Boswell de Auchinleck.

ANGLETERRE

1603   La Maçonnerie jouit d’une grande considération dans la Grande-Bretagne. Inigo Jones, célèbre architecte, qui avait rapporté de ses voyages des dessins de l’ancienne architecture grecque et romaine, est nommé premier intendant des bâtiment du roi Jacques Ier. Ce prince se déclare le protecteur des Maçons, et le charge de la surveillance des Loges ; la Confraternité en reçoit beaucoup d’éclat et d’importance : des réunions, des fêtes et des communications régulières s’établissent entre les Frères. Sous ce GM, beaucoup de gentilshommes se font admettre, ce qui contribue à illustrer encore l’art de la Maçonnerie. […]

1625   Le roi Charles Ier honore les Maçons de sa bienveillance. Le comte de Pembrocke est constitué dans son office. Les chronologistes anglais placent Charles Ier au rang des G:M:. […]

ECOSSE et ANGLETERRE

1641   La Maçonnerie obtient de grands succès dans l’Ecosse ; les Maçons se réunissent dans la Loge de la chapelle Sainte Marie à Edimbourg, et reçoivent dans la Confraternité Robert Moray, quartier-maître général de l’armée d’Ecosse.

1646   Elias Ashmole, célèbre antiquaire, qui fonda le musée d’Oxford, se fait initier avec le colonel Mainvarring dans la Confrérie des ouvriers Maçons à Warrington. Cette année, une société de Rose-Croix qui s’était formée à Londres d’après les idées de la nouvelle Atlantis de Bacon, s’assemble dans la salle de réunion de la coterie des Maçons. Elias Ashmole, qui en était membre, et les autres Frères de la Rose-Croix, rectifient les formules de réception de ces ouvriers, qui ne consistaient qu’en quelques cérémonies à peu près semblables à celles usitées parmi tous les gens de métier, et leur substitue un mode d’initiation qu’ils calquent, en partie, sur les anciens mystères d’Egypte et de Grèce. Cette époque est remarquable en ce qu’elle est celle de l’invention du premier grade de la Maçonnerie symbolique, tel que nous le connaissons. Pour se distinguer des Maçons ordinaires, ceux-ci se dénommèrent Maçons libres, ou Francs-Maçons.

1648   La Franche-Maçonnerie prend une tendance politique. Plusieurs auteurs ont fixé à cette année l’institution du grade de compagnon, qui n’était qu’un degré d’épreuve.

1650   Charles Ier,ayant péri sur l’échafaud en 1649, les partisans de la royauté instituent le grade de Maître, dont les allégories tendaient à rappeler le souvenir de la catastrophe qui termina la vie du roi. Le motif secret de ce grade était le rétablissement de Charles II.

1660   La Maçonnerie, dont les progrès avaient été suspendus par les guerres civiles qui désolaient l’Angleterre, reprend vigueur sous la protection de Charles II qui, pendant son exil, avait été reçu Maçon. Sous le règne de ce prince, des constitutions sont délivrées, et beaucoup de savants et de personnes de distinction sont initiés.

1663   Le Grand Maître Henri Jermyn, comte de Saint Alban, nomme pour député Jean Denham, et pour Surveillants Christopher Wren et Jean Web. […]

1666   Cette année fut l’époque de l’incendie de Londres. Les Frères donnent à cette occasion des preuves de talent et d’activité. Pendant qu’on reconstruisait la ville, ils tinrent plusieurs assemblées dans différents quartiers. Thomas Savage, comte de Rivers, était alors Grand Maître.

1674   George Villiers, duc de Buckingham, est élu G:.M:.. Il nomme Christopher Wren son député, et se repose sur lui, ainsi que sur ses Surveillants. […]

1679   Henri Bennet, comte d’Arlington, est nommé GM.

1685   Jacques II  succède à Charles II, son frère. Sous ce règne, qui ne fut pas long, la Maçonnerie tombe dans la décadence. Sir Christopher Wren, élu G:.M:., nomme ses Surveillants, Gabriel Gibber et Edouard Strong. Malgré le zèle de ces habiles architectes, la Maçonnerie continue à décliner.

1688   Les révolutions et les fatales agitations de l’Angleterre, à cette époque, suspendent les travaux de l’Institution. Au rapport de Preston, il existait alors sept Loges dans la ville de Londres.

1695   Le roi Guillaume III se fait initier ; il confirme la nomination de Christopher Wren à la dignité de GM. Ce prince honore les loges de sa présence, particulièrement celle de Hampton-Court.

1697   Les Maçons se réunissent et nomment leur G:.M:., Charles Lennox, duc de Richmond, alors maître en chaire de la Loge de Chichester.

1698   Ce G:.M:. remet sa charge à Christopher Wren qui s’y maintient jusqu’en 1702, année de la mort du roi.

1703   La Maçonnerie fait peu de progrès sous le règne de Anne Stuart. Les fêtes annuelles sont négligées, et le nombre des Maçons diminuent beaucoup. Cette époque est intéressante pour l’histoire de l’Ordre, en ce qu’il paraît que ce fut alors qu’on prit le parti de ne plus restreindre la Maçonnerie entre les Maçons de pratique, mais d’y admettre des citoyens de toutes les professions ; par ce moyen elle reprit quelque vigueur.

1714   George Ier (de Brunswick), électeur de Hanovre, monte sur le trône. Les révoltes en faveur de Jacques Stuart, frère d’Anne, connu sous le nom de Prétendant, sont un nouvel obstacle aux succès de l’institution.

Seconde époque

Elle comprend les événements qui ont eu lieu depuis 1717 jusques en l’année 1814. Ici, les conjectures et les systèmes disparaissent pour faire place à des faits moins brillants, mais prouvés et authentiques.

ANGLETERRE

1717   Les Maçons avaient perdu leur dernier G:.M:. Christopher Wren ; ils prennent la résolution d’en élire un autre et de rétablir l’usage des solennités annuelles. Il n’existait alors que quatre Loges à Londres : la vieille Loge de Saint-Paul, aujourd’hui la Loge de l’Antiquité n° 1, laquelle possédait les registres et anciens titres de la Confraternité ; la vieille Loge n° 2, celle n° 3 et la vieille Loge numéro 4. Ces Loges étaient de la constitution de la Grande Loge d’York. Les membres se rassemblent au mois de février à la taverne d’Apletrée, et se constituent en Grande Loge pro tempore.

Le 24 juin, cette Grande Loge se réunit pour la première fois en assemblée de communication de quartier. Antoine Sayer est élu G:.M:. Un grand nombre de personnes assiste à cette solennité, remarquable par le zèle religieux et empressé de chacun. On propose de fixer invariablement les règlements et privilèges des Maçons ; on détermine dans quels lieux ils pourront s’assembler ; on arrête qu’aucune société ne sera reconnue comme légitime avant d’avoir obtenu l’agrément du G:.M:. et l’approbation de l’assemblée générale. Les Maçons de Londres et des environs, ainsi que les maîtres et gardiens des Loges, se soumettent à l’autorité de la Grande Loge, renoncent à tous privilèges particuliers, et concourent avec joie aux opérations tendant à former un point central pour le gouvernement de l’Ordre dans la Grande-Bretagne. Des statuts sont présentés et adoptés comme loi générale. Malgré des travaux aussi avantageux, la Franche-Maçonnerie ne fait que peu de progrès sous l’administration du G:.M:. Sayer : deux loges seulement sont constituées. C’est à compter de cette époque que la Maçonnerie prit naissance dans le midi de l’Angleterre sur le plan actuel.

1718   Le 24 juin, George Payne est élu G:.M:. après Antoine Sayer. Ce Frère, très instruit, s’applique à former les archives pour la Grande Loge ; il réunit une quantité de manuscrits et d’anciennes chartes concernant la Confraternité et des renseignements sur ses rituels et anciens usages. […]

1719   Le 24 juin, les Maçons se réunissent pour célébrer la fête de l’Ordre. Ils nomment pour G:.M:. le docteur Désaguliers, qui fait revivre l’usage ancien de porter des toasts dans les banquets. La Maçonnerie est florissante sous cette grande maîtrise : beaucoup de personnes de distinction se font initier ; on constitue un certain nombre de loges. Pendant que ces choses se passent à Londres, la Grande Loge du nord de l’Angleterre, ou d’Yorck, est florissante : on a vu que toutes les assemblées générales étaient, autrefois, tenues dans cette ville ; elle les continue sous le patronage de plusieurs GM. La fondation, sans son consentement, par quatre Loges de sa constitution, d’une GL à Londres, qui se dénommait la Grande Loge d’Angleterre, excite ses inquiétudes : elle prend le titre de Grande Loge de toute l’Angleterre pour se distinguer de l’autre ; mais la nouvelle, soutenue par quelques personnages de haut rang, acquiert de jour en jour plus de consistance et de célébrité, tandis que la GL d’Yorck éprouve une sorte de décadence.

1720   Le 24 juin, l’écuyer George Payne est réélu GM. On arrête que le G:.M:. en exercice aura le privilège de proposer son successeur, lequel ayant été agréé de la Grande Loge, sera reconnu sous le titre de Grand Maître désigné ; que ce G:.M:., à son installation, aura le droit de choisir son député et ses gardiens. George Payne nomme lors de la réunion du 24 décembre lord Jean duc de Montagu pour son successeur à la Grande Maîtrise. Sa Grâce qui était présente accepte et promet de soutenir les privilèges de la Grande Loge : elle reçoit les compliments d’usage.
Une sorte de rivalité s’établit entre la Grande Loge d’Angleterre et celle d’York : les Maçons d’une Grande Loge ne sont pas reçus dans l’autre. Ces circonstances sont dues au peu de ménagement que la Grande Loge d’Angleterre eut pour la Grande Loge d’York, et aux innovations que la première avait introduit dans les rituels et cérémonies. La Maçonnerie est florissante sous le gouvernement de George Payne, mais les événements politiques sont la cause du ralentissement du zèle de plusieurs Loges.
C’est dans le cours de cette année que la Franche-Maçonnerie fit une perte irréparable : on brûla une grande partie de ses anciens manuscrits, et particulièrement un ouvrage de M. Nicolas Stone, lequel contenait, dit-on des détails très étendus sur l’origine de l’institution ainsi que sur les devoirs, les règles et les secrets de la Confraternité. On a toujours ignoré les motifs secrets de cet acte de vandalisme ; pour en dissimuler tout l’odieux. On a dit, dans le temps, que les Frères avaient livré aux flammes ces monuments antiques, parce qu’ils étaient alarmés de la publicité qu’on se proposait de leur donner.

1721   Le 24 juin, lord Montagu est installé dans une brillante solennité et à la suite d’une procession publique. Le docteur Jean Beal est choisi pour député G:.M:. George Payne réunit de nouveau plusieurs anciens règlements et chartes de la Confraternité ; on rassemble ce qui avait échappé aux flammes l’année précédente, et le tout est remis à J. Anderson, ministre anglais, Maçon zélé et savant très distingué, pour en former un corps de lois et de doctrine à l’usage des Loges d’Angleterre.

1722   Le 3 janvier, lord Montagu résigne son office en faveur du duc de Wharton. Il donne pour motif le désir qu’il a de concilier les différends qui existaient entre la Grande Loge et quelques Maçons qui se trouvaient en opposition avec elle, en raison d’un arrêté qu’elle avait pris contre une assemblée qui s’était tenue dans la Loge de l’Antiquité, pour célébrer la fête de saint Jean-Baptiste, assemblée dans laquelle lord Montagu avait été nommé G:.M:. Le duc de Wharton désapprouve hautement le procédé de ces Frères ; il accepte la nomination et engage tous les Maçons en général à se soumettre aux décisions de la Grande Loge. Installé le 17 janvier, il nomme pour son député le docteur Désaguliers. On institue sous cette Grande Maîtrise l’office de Grand Secrétaire. L’écuyer Guillaume Cowper est nommé à cette place. Depuis, par arrêté du 24 juin 1723, le GM élu a été investi du droit de confirmer cet officier, ou d’en nommer un autre.
Le 25 mars, J. Anderson présente à la Grande Loge le manuscrit du livre des Constitutions. Il est approuvé et l’on ordonne son impression sous ce titre : The Book of Constitutions of the Free-Masons, containing the history, charges, regulations …… of that most ancient and right worship ful Fraternity, for the use of the Lodges. Cet ouvrage paraît en 1723. […]

1724   Le 19 février, arrêté qui porte qu’aucun Frère, excepté un membre d’une Loge étrangère, ne pourra appartenir à plus d’un atelier dans le district de Londres, quoiqu’il puisse les visiter tous. Le même jour, on décide qu’aucun visiteur, quel que expérimenté qu’il soit, ne sera admis dans une Loge, à moins qu’il ne soit connu personnellement, approuvé et recommandé. Le 24 février, autre arrêté portant que toute Loge qui discontinuera ses travaux pendant plus de douze mois, sera effacée du grand livre, qu’elle perdra son rang d’ancienneté et devra se faire constituer de nouveau si elle se présente après ce terme. On fait cette année, graver, pour la première fois, sur cuivre et en petit format la liste des Loges constituées depuis la Grande Maîtrise de Payne.
Le 24 juin, le duc de Richmond est installé GM. […]

1725   Lord Paysley, comte d’Abercorn, succède au duc de Richmond. Ce G:.M:. nomme pour son député le docteur Désaguliers qui remplit cet office à la satisfaction générale. Sous cette Grande Maîtrise, la Maçonnerie ne tarde pas à se répandre dans les différents états de l’Europe. Les Comités de charité, institués sous l’administration du précédent G:.M:., sont organisés.

FRANCE

1725   Cette année est indiquée comme l’époque de l’introduction de la Franche-Maçonnerie à Paris. Mylord Derwentwater, le chevalier Maskelyne, M. d’Héguerty et quelques anglais de distinction établissent une Loge chez Hure, traiteur rue des Boucheries. Cette Loge obtint une grande réputation et attira cinq à six cents Frères à la Maçonnerie dans l’espace de dix ans. Elle travaillait sous les auspices et selon les usages de la Grande Loge de Londres. Elle n’a laissé aucun monument historique de son existence, ce qui jette quelque obscurité sur les premiers travaux de la Franche-Maçonnerie à Paris (Hist. de la Fond. du G.O. de France, p.10).    […]

ECOSSE

1728   Le chevalier baronnet écossais Ramsay jette à Londres, les fondements d’une Maçonnerie nouvelle qu’il faisait descendre des croisades, et dont il attribuait l’invention à Godefroid de Bouillon. Il prétendait que la Loge de Saint André, à Edimbourg, était le chef-lieu du véritable Ordre des Francs-Maçons, lesquels étaient les descendants des chevaliers des croisades. Il conférait trois grades, l’Ecossais, le Novice et le Chevalier du Temple. Ramsay prêche une réforme basée sur sa découverte, on rejette cette doctrine.    […]

IRLANDE

1729   Les Maçons de Dublin se réunissent, cette année, en grande assemblée. Ils organisent la Franche-Maçonnerie sur le même plan que celui adopté par la Grande Loge d’Angleterre. Ils nomment pour leur G:.M:. le vicomte de Kingston. On a très peu d’anecdotes sur l’histoire de la G:.L:. de Dublin (V. Anderson, 1784, p. 130).     […]

ANGLETERRE

1734   La Grande Loge arrête qu’il sera fait une édition nouvelle du livre des Constitutions d’Anderson. Elle ne parut qu’en 1738, considérablement augmentée.

Sous la Grande Maîtrise du comte de Crawford, la Grande Loge d’Angleterre empiéta plus particulièrement sur la juridiction de la Grande Loge d’York, en formant des établissements maçonniques dans son district ; ces concessions furent faites à une Loge à Lancashire, à une autre de Durbam, et à une troisième à Northumberland. Ce procédé affecta vivement la Grande Loge d’York : il exista des jalousies et des haines ; il en résulta que les Maçons d’York séparèrent totalement leurs intérêts de ceux de la Grande Loge de Londres. A cette occasion, la Grande Loge d’Angleterre fit, postérieurement, insérer un paragraphe dans le livre des constitutions d’Anderson (édit. de 1738, p. 195) ; il y est dit après avoir parlé des députés GG-MM provinciaux établis par la Grande Loge dans d’autres pays :

« Les Loges étrangères sous le patronage de la Grande Loge d’Angleterre, telles que celles de la cité d’Yorck, d’Ecosse, d’Irlande, de France et d’Italie, affectent une indépendance blâmable et refusent de reconnaître la juridiction du G:.M:. de l’Angleterre ; cependant, toutes tiennent leurs constitutions, lois et règlements des Frères de la Grande-Bretagne, qui ont cru récompenser leur zèle en leur confiant les secrets de la Confraternité. Ces ingrats oublient que la splendeur dont ils jouissent ne leur provient que de l’Angleterre, etc. »   […]

ECOSSE et FRANCE

1736   Les travaux de la Grande Loge de Kilwinning étaient suspendus depuis longtemps ; les événements politiques avaient occasionné la fermeture des Loges et la dispersion des membres. Alors William Saint-Clair de Rosslyn, écuyer, était, en vertu des privilèges accordés à ses ancêtres, reconnu pour G:.M:. de la Maçonnerie dans le royaume d’Ecosse. Il réunit quelques Frères et leur offre de se démettre, en leur faveur, des droits qu’il avait à cette charge : c’est en conséquence de cette proposition qu’une circulaire est adressée le 11 juillet, par les quatre plus anciennes Loges d’Edimbourg à toutes les Loges de l’Ecosse, aux fins de se réunir en Grande Loge à Edimbourg, le 24 novembre, pour aviser aux moyens de rendre à la Maçonnerie écossaise son ancienne splendeur.
Trente-deux Loges se rassemblent dans la chapelle Sainte-Marie et se constituent en Grande Loge de Saint Jean d’Edimbourg. On fait lecture de la renonciation de William Saint-Clair à la dignité et aux privilèges de G:.M:. héréditaire. Elle est conçue en ces termes :
« Moi, Guillaume Saint-Clair de Rosslyn, considérant que, suivant divers actes authentiques, les M. d’Ecosse ont nommé et désigné Guillaume et sir William Saint-Clair de Rosslyn, mes aïeux, ainsi que leurs héritiers, pour leurs patrons, leurs protecteurs, leurs juges et leurs maîtres, et que mes droits et prétentions à une telle juridiction, à un tel droit ou privilège pourraient porter préjudice au corps de la Franche-Maçonnerie dont je fais partie ; désirant, au contraire, contribuer à son avantage par tous les moyens qui sont en moi, je déclare renoncer par ces présentes, dès aujourd’hui et pour toujours, à tous et à chacun des droits, prétentions  ou prérogatives quelconques que mes ancêtres ainsi que moi-même ont eus ou peuvent avoir sur le patronat, le protectorat, la fonction de juge ou la dignité de G:.M:. des Maçons en Ecosse, soit à cause des titres et droits cédés ou consentis par lesdits Maçons, soit en vertu des lettres de concession ou de franchise délivrées par les rois d’Ecosse, en faveur des nommés Guillaume et sir William St-Clair de Rosslyn, mes ancêtres, soit enfin en vertu de quelque titre que ce puisse être. Je m’oblige et m’engage, et j’engage avec moi mes héritiers à reconnaître, en tous temps et en tous lieux, le présent acte de renonciation, et je  consens à ce qu’il soit déposé au greffe pour sa conservation, et transcrit sur les registres compétents. A cet effet, je nomme pour mes fondés de pouvoir……. ».  On arrête le dépôt aux archives de cet acte de renonciation, et l’on procède de suite à l’élection du G:.M:. L’écuyer William Saint-Clair, seigneur de Rosslyn, est élu à l’unanimité.
Le 24 décembre, quatre Loges existaient alors à Paris elles se réunissent et élisent pour leur G:.M:. mylord comte d’Harnouester, qui succéda ainsi à lord Derwentwaters, que les Frères avaient choisi à l’époque de l’introduction de la Franche-Maçonnerie à Paris. Le chevalier écossais Ramsay remplissait les fonctions d’Orateur dans cette assemblée d’élection.

ANGLETERRE

1737   Le comte Darnley est installé dans sa charge de G:.M:. le 28 avril. Cette année, le prince Frédéric de Galles est reçu Franc-Maçon dans une Loge de Londres présidée par le docteur Désaguliers en présence du lord Baltimore, du colonel Lamley, et de beaucoup de personnes de distinction.

ECOSSE et FRANCE

1737   Les habitants aisés d’Edimbourg ayant résolu de faire élever à leurs frais un hôpital pour les pauvres malades, la Grande Loge arrête, le 24 juin, qu’elle soldera, de ses propres fonds, un certain nombre d’ouvriers maçons pour la construction de l’édifice, à condition que les inspecteurs de l’hospice réserveront une chambre particulière pour les Frères malades qui seront recommandés par le Grand Maître.
Arrêté portant que toutes les Loges de l’Ecosse qui voudront reconnaître la juridiction de la Grande Loge de St-Jean d’Edimbourg, seront tenus de faire confirmer et agréer leurs titres constitutionnels.
Autre arrêté abolissant l’usage de tenir la grande Assemblée le jour de la St-Jean d’hiver ; l’époque en est fixée au 30 novembre, jour de St.-André, patron de l’Ecosse.
Le 14 septembre, la chambre de police du Châtelet de Paris rend une sentence qui défend les réunions des Francs-Maçons, et condamne le nommé Chapelot en mille livres d’amende pour avoir reçu une assemblée dans son cabaret à la Râpée. Louis XV interdit la cour aux seigneurs qui se font recevoir Francs-Maçons. Vers la fin de cette année, mylord d’Harnouester étant sur le point de quitter la France, convoque une assemblée pour l’élection de son successeur. Le roi en eut avis, et dit que si le choix tombait sur un Français, il le ferait mettre à la Bastille. Néanmoins, le duc d’Antin fut élu l’année suivante, et ces menaces ne se réalisèrent pas.
Le 30 novembre, George compte de Cromarty est élu GM, le capitaine J.Young est nommé député GM.

ANGLETERRE

1738   Des députés provinciaux sont nommés avec pouvoir d’établir des Ateliers maçonniques dans des villes de la juridiction de la Grande Loge d’Yorck. Cet empiètement excite de nouvelles divisions entre les Loges du sud et du nord de l’Angleterre : toute correspondance est interrompue entre elles. Plusieurs Frères mécontents se séparent des Loges régulières et forment, dans Londres, des assemblées contraires aux lois de la Grande Loge : pour se soustraire à son autorité, ils déclarent se ranger sous la bannière de la Grande Loge d’Yorck. Cette circonstance fit un grand tort à la Franche-Maçonnerie, d’autant plus que ces dissidents avaient tiré avantage des plaintes générales qui s’étaient élevées contre la Grande Loge d’Angleterre, parce qu’elle avait introduit des innovations, altéré les rituels et supprimé beaucoup de cérémonies en usage depuis longtemps. Il est certain que cette mesure imprudente avait causé un grand mécontentement parmi les Maçons. […]

ECOSSE et FRANCE

1738   Plusieurs Loges d’Ecosse donnent des preuves de libéralité et d’humanité en faisant des dons d’argent pour la construction de l’hospice royal. […]
En France, le 24 juin, le duc d’Antin est élu G:.M:. inamovible.
Le 27 décembre, des Francs-Maçons assemblés dans la Loge de la rue des Deux-Ecus à Paris, pour célébrer la fête de l’Ordre, sont arrêtés ; plusieurs sont conduits dans les prisons du Fort-Evêque.     […]

ANGLETERRE

1739   Sous la Grande Maîtrise de lord Raymond, la société est florissante. Néanmoins les divisions renaissent… Des plaintes et des accusations sont portées aux comités de la Grande Loge, qui est priée d’employer son autorité pour terminer ces débats. Le remède devenait d’autant plus urgent que déjà des Frères, choqués de la prétention de la Grande Loge à une domination universelle, s’étaient de nouveau séparés d’elle et tenaient des assemblées particulières. La question est renvoyée à l’Assemblée générale : on établit en principe que la Grande Loge a seule le droit de constituer les sociétés maçonniques en Angleterre, de les gouverner, et que son G:.M:. doit être considéré comme le G:.M:. universel de toutes les Loges de l’Europe. Une circulaire est adressée en conséquence à toutes les Loges régulières, pour les inviter à cesser toute correspondance avec les membres dissidents et leurs Loges : ceux-ci veulent éluder cette mesure par des contestations, mais voyant la Grande Loge disposée à maintenir sa décision avec fermeté, ils emploient pour se soustraire à son autorité un subterfuge qui leur réussit au-delà de leur espérance, puisque, non seulement il produit l’effet de maintenir leur indépendance, mais celui d’attirer à leur parti un bon nombre des Loges de Londres et des environs. Le voici :
« La Grande Loge était taxée, ainsi qu’on l’a dit, d’avoir dénaturé les vieux rituels et substitué les usages nouveaux aux anciens : les scissionnaires profitent de cette circonstance et publient contre elle un écrit dans lequel ils déclarent qu’ils se séparent de ces Maçons modernes pour former une autre corporation de Maçons anciens sous la constitution d’Yorck. »
Une partie des Loges régulières de Londres, séduite par cette encyclique, se sépare de la Grande Loge, et l’on fonde dans la capitale une seconde Grande Loge rivale de la première. C’est à compter de cette époque que ceux de cette nouvelle Grande Loge qualifièrent les Maçons de la juridiction de la Grande Loge d’Angleterre du titre de Maçons modernes (moderns Masons) dont l’existence ne datait que de 1717.
On trouvera dans l’ouvrage de Dermott, alors secrétaire de la Grande Loge des anciens Maçons, intitulé Ahiman Rezon, l’historique de la scission et des causes qui l’amenèrent. Nous devons dire que cette Grande Loge exista dans une sorte d’obscurité pendant longtemps, et que ses actes comme ses opérations furent à peine connus hors du territoire de la ville de Londres ; de sorte qu’elle a fourni un très petit nombre de faits à l’histoire de la Franche-Maçonnerie. Ces divisions arrêtent les progrès de la Confraternité sous cette Grande Maîtrise. Les Grandes Loges d’Ecosse et d’Irlande se déclarent pour la Grande Loge du rite ancien, et refusent de correspondre avec la Grande Loge du rite moderne

ECOSSE

1739   La Grande Loge de Saint Jean est reconnue par une grande partie des Loges du royaume. Des établissements maçonniques s’élèvent avec rapidité dans toutes les provinces.

1741   La Grande Loge d’Ecosse arrête qu’elle ne correspondra pas avec la Grande Loge des Maçons modernes de l’Angleterre, mais seulement  avec celle des anciens Maçons de Londres. […]

1742   Les travaux de la Grande Loge n’offrent rien qui mérite d’être recueilli. Le 30 novembre, l’Assemblée élit pour la septième grande élection Guillaume comte de Kilmarnoch (décapité à Londres le 29 août 1746) et le capitaine J. Young est conservé dans la place de député GM.

ANGLETERRE

1742   Le G:.M:. lord Ward emploie tous ses efforts pour réconcilier les deux Grandes Loges sans pouvoir y parvenir. Il propose un règlement tendant à établir une vigilance active sur les Maçons ; il demande que les assemblées de communication soient plus fréquentes, et que les Frères s’occupent spécialement du moyen de faire cesser les divisions. Il se prononce pour que les Loges dissidentes soient rayées des listes si elles persistent dans leur rébellion.

FRANCE

1742   M. de Belsunce de Castelmoron, évêque de Marseille, publie un mandement relatif à la bulle de Clément XII contre les Francs-Maçons. Il avertit ses diocésains qu’ils ne peuvent entrer dans l’Association, et que s’ils y sont déjà reçus, ils ne peuvent continuer de se trouver aux assemblées sans commettre un péché qu’il se réserve d’absoudre lui-même ou ses vicaires généraux. Il y avait à Paris, cette année, vingt-deux Loges et plus de deux cents dans toute la France (De Lalande, Mémoire hist. sur la Franche-M., dans l’Encycl.).
Fondation à Paris, par de jeunes officiers de marine, de l’Ordre de la Félicité. On recevait, dans cette société, des hommes et des femmes : le but allégorique de l’institution, calquée à certains égards sur la Franche-Maçonnerie, était un voyage à l’île de la Félicité. Ce voyage était supposé devoir être fait par mer, de sorte que l’Ordre était fictivement composé de marins (Hist. de la Fond. du G.O. de France, p.350).

1743   Le chevalier baronnet écossais André-Michel Ramsay meurt à Saint-Germain-en-Laye. On lui attribue divers ouvrages, et notamment celui intitulé : Principes philosophiques sur la religion naturelle et la révélation, imprimé six ans après sa mort.
Les Maçons de Lyon composent le grade de Kadosch (qui comprend la vengeance des Templiers) sous le titre de petit Elu ; ce grade a été par la suite développé en plusieurs autres connus sous les titres d’Elus des Neuf ou de Pérignan, Elu des Quinze, Maître illustre, chevalier de l’Aurore ou de l’Espérance, grand Inquisiteur, grand Elu, Commandeur du Temple,…
Après la mort du troisième G:.M:. de l’Ordre, le duc d’Antin, le comte de Clermont, prince du sang, est nommé GM perpétuel et installé dans une réunion solennelle. C’est à cette époque qu’on peut rapporter l’existence légale et authentique de la Grande Loge de France, qui s’intitula Grande Loge anglaise de France, titre qu’elle conserva jusqu’en 1756, année dans laquelle elle se proclama indépendante.     […]

ECOSSE et FRANCE

1744   La Loge de Kilwinning se plaint de ce que, dans les listes dressées par la Grande Loge d’Edimbourg, elle n’est portée que sous le n° 2, tandis qu’en qualité de plus ancienne et de Mère-Loge de l’Ecosse, elle avait des droits à la première place. La Grande Loge arrête qu’attendu que la Loge de Kilwinning n’a produit aucun titre qui établit son droit d’aînesse, tandis qu’au contraire la Loge de la Chapelle Sainte-Marie d’Edimbourg en a produit un qui remonte en 1598, celle-ci a le droit d’être inscrite la première. La Loge de Kilwinning fut très offensée de cette décision, elle avait en effet perdu ses titres, mais on n’ignorait pas qu’elle était la plus ancienne de l’Ecosse. Et d’ailleurs, si l’ordre des chartes et leur date avaient dû déterminer le rang d’inscription sur les listes, pour quelles causes la Loge de Kilwinning avait-elle été inscrite la seconde, puisqu’elle ne pouvait présenter aucun titre ? Ne devait-on pas, ou l’inscrire la première, attendu la notoriété publique, ou s’abstenir de la comprendre dans la liste des loges puisque, comme celles-ci elle ne pouvait justifier son origine par des pièces authentiques ? Cette circonstance qui pouvait amener des troubles ne produisit cependant pas cet effet. Mais, depuis, cette Mère-Loge transporta son siège à Edimbourg, où elle s’établit sous la dénomination de Grande Loge royale et de Grand Chapitre de l’Ordre d’Heredom de Kilwinning, abandonnant l’administration et la connaissance des trois degrés symboliques à la Grande Loge de Saint-Jean, et se réservant le droit de conférer les hauts grades et de constituer des Chapitres.

Le 5 juin, la chambre de police du Châtelet de Paris rend une sentence qui renouvelle les défenses faites aux Francs-Maçons de s’assembler en Loges, et interdit aux propriétaires de maisons et aux cabaretiers de les recevoir, à peine de 3000 francs d’amende. Le prince de Clermont, G:.M:. de l’Ordre abandonne les Loges à elles-mêmes, il néglige les assemblées.

Cette période est celle des constitutions illégales, des faux titres, des chartes antidatées, délivrés par de prétendus Maîtres de Loges, ou fabriqués par des Loges elles-mêmes, dont quelques-unes s’attribuèrent une origine mensongère, qu’elles firent remonter à 1500 ou à 1600. Les gens de la suite du prétendant ajoutèrent à ces désordres en délivrant aussi au premier venu des pouvoirs de tenir Loge ; en constituant de leur autorité des Mères-Loges et des Chapitres, sans qu’ils y fussent autorisés par aucune autorité légale.

ANGLETERRE

1746   Le 19 décembre, lord Derwentwater, premier G:.M:. de l’Ordre en France, est décapité à Londres, victime de son attachement au prétendant. Son frère avait eu la tête tranchée en 1715, pour avoir combattu dans la même cause. Ce fut ce dernier qui voulut que son fils, encore enfant, montât sur l’échafaud, et qui lui dit : « Mon fils, soyez couvert de mon sang et apprenez à mourir pour vos rois. » (Voltaire, Précis du règne de Louis XV, 1785, in-12, p. 273).
Le 27 décembre, lord Byron est élu G:.M:.    […]

FRANCE

1747   Charles-Edouard Stuart, se trouvant à Arras, et voulant témoigner aux Maçons artésiens, ainsi qu’aux officiers de la garnison de la ville d’Arras, combien il était satisfait et reconnaissant des preuves de bienfaisance qu’ils lui avaient prodiguées (termes de la constitution), leur délivre une bulle d’institution de chapitre primordial, sous le titre distinctif d’Ecosse jacobite, dont il confère le gouvernement aux avocats Lagneau, de Robespierre et autres (Histoire de la Fond. du G.O. de France, p.184). […]

1751   Un Maçon voyageur fonde, dans le cours de cette année, à Marseille une Loge sous le titre de St.-Jean d’Ecosse. C’est cette même Loge qui prit, de son autorité, avant la révolution française, le titre de Mère-Loge de Marseille, et après la révolution celui de Mère-Loge écossaise de France. Elle en a constitué plusieurs dans le Levant, en Provence et dans les Colonies, à Lyon et même à Paris. On ne doit pas la confondre avec la Mère-Loge du Rite écossais philosophique dont le siège est à Paris.

1754   Cette année, M. le chevalier de Bonneville fonde un Chapitre des hauts grades et l’installe le 24 novembre. Il avait fait construire pour cet établissement un très-beau local dans un faubourg de Paris dit la Nouvelle-France : cette société était composée de personnes distinguées de la cour et de la ville qui, fatiguées des dissensions qui déshonoraient les Loges de Paris, avaient résolu de s’en séparer pour former cette réunion particulière, laquelle prit le nom de Chapitre de Clermont. On y fit revivre le système des Templiers : le baron de Hund y reçut les hauts grades, et c’est là qu’il puisa les principes et la doctrine de la Stricte Observance, dont il fut depuis l’apôtre en Allemagne. Martinez Paschalis compose le rite des élus Coëns, et l’introduit dans quelques Loges à Marseille, Toulouse et Bordeaux.     […]

FRANCE et ECOSSE

1758   C’est dans le cours de cette année que fut fondé à Paris un Chapitre dit des Empereurs d’Orient et d’Occident. Ses membres s’intitulaient Souverains Princes Maçons, substituts généraux de l’Art royal, Grands Surveillants et Officiers de la grande et souveraine Loge de Saint-Jean de Jérusalem ; leurs degrés d’instruction se composaient de 25 grades (énumération en page 80 de cet ouvrage de C.A. Thory). […]

1760   Ce Conseil des Empereurs d’Orient et d’Occident, souverains princes maçons, donne à un juif (sic) nommé Stephen Morin une patente de député Grand-Inspecteur, avec pouvoir de propager la Maçonnerie de Perfection au-delà des mers. Ce Conseil constitue à Paris et dans la France, des Loges et des Chapitres, concurremment avec les deux Grandes Loges.
La Grande Loge d’Ecosse décide que le G:.M:. en fonction aura le droit de désigner son successeur, s’il le juge convenable. […]

1763   La Grande Loge d’Ecosse refuse des constitutions à plusieurs sociétés maçonniques qui s’étaient formées en demande auprès d’elle ; elle déclare que ce refus n’a d’autre motif que celui de ne point empiéter sur la juridiction de la Grande Loge d’Angleterre.
La Grande Loge de France est troublée dans ses travaux par le Chapitre de Clermont ainsi que par les Conseils, Chapitres et Collèges des grades supérieurs qui, à cette époque, délivraient des constitutions, tant à Paris que dans les provinces, au mépris de son autorité et de ses droits. Cette rivalité nuit aux progrès de l’institution et favorise l’introduction, dans les Loges, de toutes sortes de rites, grades et systèmes contraires au but de l’institution primitive. […]

1768   L’honorable Charles Dillon est nommé député G.M. C’est dans le cours de cette année que la Grande Loge d’Ecosse introduisit l’usage de délivrer des diplômes à ses membres.
Martinez Paschalis apporte à Paris le Rite des Elus Coëns et fait une assez grande quantité de prosélytes ; néanmoins ce Régime ne fut organisé dans quelques Loges qu’en 1775. Il fixa l’attention des Maçons, qui donnèrent aux Loges du Rite de Martinez le nom de Loges Martinistes.

1769   Mort à 40 ans du baron de Tschoudy à Paris, où il était arrivé en 1766 pour donner une nouvelle activité à la Franche-Maçonnerie en y introduisant différents hauts grades, chose dont on se serait bien passé, quoique dans leur composition il y eût de l’esprit, de l’érudition et des vues intéressantes. Le baron de Tschoudy était l’un des apôtres de la doctrine de Ramsay, auteur de l’Ecossais de St André et de l’Etoile flamboyante, écrit distingué parmi les ouvrages systématiques. […]

1773   Nomination par la Grande Loge de France du duc de Chartres, prince du sang à la dignité de GM de toutes les Loges régulières de France.
La G.L. de France déclare le nouveau corps qui s’est formé auprès d’elle à Paris sous le titre de Grand Orient, subreptice, schismatique et illégalement formé par une poignée de factieux. Le 24 décembre, nouveaux décrets contre le G.O.  La G. L. casse tous ses arrêtés, défend aux Loges de Paris et des provinces de se réunir à lui, enjoint à celles qui l’ont reconnu de s’en séparer à l’instant, sous peine d’être supprimées de la liste des Loges régulières de sa juridiction.

1774   L’expression d’Ordre Royal, par laquelle on avait jusque là désigné dans les Loges l’Ordre de la Franche-Maçonnerie, est proscrite. On décrète que la Confraternité sera à l’avenir dénommée Ordre Maçonnique.
Un règlement déclare inamovible l’office de G:.M:. (cf. page 112).
Fondation de plusieurs Loges en France par le Grand Orient de Bouillon. Le duc du même nom en était le G:.M:. sous le titre de protecteur. Il comptait dans sa composition beaucoup de gens de distinction. On lit autour du sceau de ce G.O. Godfredus, dei gratia, dux Bullonensis, protector.

1776   La G:.L:. des Maçons du Rite ancien, à Londres, communique à la G:.L:. d’Ecosse ses griefs contre la G:.L:. d’Angleterre et réclame son appui. La G:.L:. d’Ecosse déclare qu’elle n’interviendra pas dans cette matière délicate.

Fondation à Paris de la Mère-Loge écossaise de France (régime philosophique), sous le titre du Contrat-Social (voir p. 120).     […]

ANGLETERRE

1777   La GL du Rite ancien à Londres donne lecture de la circulaire suivante : « Tous les Maçons de Londres et d’autres pays qui ont conservé les anciens Rites sont avertis que sa Grâce le duc d’Athol a accepté la GM de la GL régulière du Rite ancien et accepté sous la constitution anglaise ; ils sont invités à le reconnaître et à se réunir à la GL pour donner leur sanction aux arrêtés qu’elle a pris en conséquence, sous peine de perdre les droits et privilèges dont ils jouissent comme membres de l’Association des anciens Maçons. Aucun Maçon initié dans les assemblées régulières ne sera admis ; mais cette exception ne s’étend pas aux Maçons des Loges écossaises ou irlandaises régulièrement constituées par les GL de ces contrées. Ces Maçons, ainsi que ceux des Loges étrangères en correspondance avec la GL seront considérés comme réguliers et constitutionnels. » La G:.L :.nationale d’Angleterre est très offensée de cette publication. Elle arrête que lors de la réimpression du livre des Constitutions, il sera ajouté un appendice, lequel contiendra les détails de la conduite des Maçons du Rite ancien et de leurs procédés envers la GL.
20 février, grande assemblée chapitrale de la Mère-Loge du Rite Ecossais Philosophique et arrêté qui défend aux Loges et Chapitres du Régime de pratiquer et reconnaître le grade de Chevalier du Temple et tous autres ayant rapport au système des Templiers, soit de Dresde soit de la SOT.

ECOSSE

1778   Mort de William Sinclair de Rosslyn.

1779   Le duc d’Athol est réélu G:.M:. […]

1785   La Grande Loge royale de l’Ordre de HDM de Kilwinning était sortie, depuis quelques années, du nuage qui l’enveloppait, et tenait ses séances à Edimbourg… Elle est en possession du titre de Grande Loge de l’Ordre royal, parce que les rois d’Ecosse, suivant la tradition, l’ont autrefois présidée en personne, et que le roi Robert Bruce, fondateur de cet Ordre s’est réservé le titre de GM pour lui et ses successeurs. Depuis la réunion de l’Ecosse, les rois d’Angleterre sont, de droit, GM de l’Ordre de H-D-M. Les travaux de cette GL sont présidés par un député GM, qui prend le titre de Gouverneur, sous le nom caractéristique de Visdom, qui veut dire sagesse.

1786   Cette G:.L:. établit un Grand Chapitre de l’Ordre de HDM à Rouen. […]

1788   Cette G:.L:. accorde des constitutions au Chapitre de la Sincérité des Cœurs à St Pierre de la Martinique et en d’autres lieux français (p. 179)      […]

FRANCE

1793   Malgré la dissolution de toutes les Loges de France, plusieurs officiers du GO maintinrent ses travaux autant que les circonstances purent le permettre…, le 13 mai la Grande Maîtrise est déclarée vacante.

1795   Le GO propose à M. Roettiers de Montaleau (Alexandre-Louis), comme une récompense de ses services, la dignité de GM, vacante par la mort de M. le duc d’Orléans. Il la refuse, et se contente d’accepter le titre de Grand-Vénérable, fonctions qu’on environne de toute la puissance attribuée aux GM de l’Ordre.    […]

1802   Arrêté du G.O., qui déclare irréguliers et hors de sa correspondance les Ateliers qui donneraient asile aux Loges professant des Rites étranger à ceux reconnus de lui, ou qui auraient des communications avec elles.

1803   Les Loges écossaises, frappées d’anathème par le décret du G.O. de 1802, louent un souterrain dans la maison autrefois occupée par Mauduit, restaurateur, sur le boulevard Poissonnière à Paris, et y établissent un local pour leurs assemblées. Ces Loges formèrent le noyau de la Grande Loge générale écossaise de France, qui s’établit l’année suivante en rivalité du G.O. de France.

ANGLETERRE

1803   Rapport de la Grande Loge concernant les anciens Maçons : il en résulte qu’ils continuent toujours leurs travaux, et n’ont fait aucun pas vers la réunion ; sur quoi la Grande-Loge arrête que les Frères qui sont membres des Loges du Rite ancien seront exclus de toutes celles de la juridiction de la Grande Loge d’Angleterre ; elle défend à ses administrés de les admettre à leurs travaux, conformément aux lois sur les Maçons irréguliers.

ECOSSE

1803   Lecture en Grande Loge de Saint Jean d’une lettre de Louis Clavel, GM provincial de l’Ordre de Saint-Jean d’Edimbourg auprès de la G:.L:. de Rouen, demandant à être autorisé à constituer une Loge écossaise à Marseille. A cette requête était jointe la copie d’un écrit attribué à la G:.L:. d’Ecosse, par lequel cette dernière paraissait donner, à une Loge de Paris, nommée Les Elèves de Minerve, le droit de délivrer des constitutions. La Grande Loge déclare qu’elle n’a jamais concédé de pareils pouvoirs.
Une G:.L:. d’Amérique, se disant écossaise, adresse une circulaire contenant la nomenclature d’un nombre infini de grades maçonniques qu’elle autorisait. La G:.L:. déclare qu’un pareil nombre de grades ne peut qu’inspirer le plus profond mépris pour la Maçonnerie écossaise, et qu’elle ne les reconnaît pas ; qu’elle a toujours conservé les Rites Maçonniques selon la simplicité de leur primitive institution ; qu’elle ne se départira jamais de son système à cet égard (ibid).
30 novembre, George comte d’Aboyne est réélu. Après l’élection, les Frères se rendent à la taverne des Armes-Royales, pour célébrer la fête de Saint-André. Son Excellence le comte Moira, commandant en chef les forces de S.M. en Ecosse, et remplissant au nom du prince de Galles, les fonctions de G:.M:. près la Grande Loge d’Angleterre, assiste à cette solennité. Son Exellence. témoigne à la Grande Loge toute la peine qu’elle éprouve de ce que la Grande Loge d’Ecosse ait, jusqu’à ce moment, refusé de correspondre avec la Grande Loge d’Angleterre et restreint exclusivement sa correspondance avec la Grande Loge des anciens Maçons. Le comte Moira profite de cette soirée pour discuter sur cet objet, et déterminer la Grande Loge à se rapprocher de la Grande Loge d’Angleterre. Son discours est couvert de nombreux applaudissements, lesquels permirent d’entrevoir que des relations d’amitié s’établiraient bientôt entre ces deux corps.

FRANCE

1804   […] Le Concordat est agréé par les Commissaires du Grand Orient et ceux de la Grande Loge du Rite ancien et l’acte est sanctionné dans une réunion extraordinaire du G.O. de France. MM. Le comte de Grasse-Tilly et Roettiers de Montaleau prêtent serment comme représentants particuliers du G:.M:., l’un pour le régime français, l’autre pour le Rite ancien et accepté. Il est résulté de cette opération que la Grande Loge du Rite ancien n’a existé que 44 jours.
22 septembre, fondation par M. le comte de Grasse-Tilly d’un Suprême Conseil pour la France, de Souverains Grands-Inspecteurs généraux du 33e degré du Rite ancien et accepté ; cet établissement est formé, du consentement et à la demande de toutes les Loges de ce Rite, représenté par leurs Vénérables ou par des Députés (Hist. de la Fond. du G.O. de France, p. 147).

1809   La Grande Loge Provinciale du Rite de H-D-M accorde des constitutions aux Chapitres de l’Amitié et Fraternité à Dunkerque, de la Parfaite-Union à Valenciennes, des Frères-Unis à Tournay, de la Parfaite-Union à Morlaix, de l’Aménité au Havre, de St-Napoléon à Paris, de la Parfaite-Amitié à Puy-Laurens, de la Sagesse à Toulouse, de l’Amitié à Courtray, d’Isis à Lyon, de St-Louis des Amis-Réunis à Calais.

1810   Fondation à Paris de l’Ordre des Dames Ecossaises de l’Hospice du Mont-Thabor. L’objet principal de cette institution est de donner du pain et du travail aux personnes de bonne conduite du sexe féminin qui en manquent, de les aider d’abord, de les consoler ensuite, et de les préserver par les bienfaits et l’espérance, de l’abandon des principes et du supplice du désespoir.     […]

1812   Le Directoire des Rites (GO) rejette la demande, en reconnaissance du régime des Ecossais-Fidèles ou de la Vieille Bru, formée par la Loge de Napoléomagne à Toulouse [1]. Son refus est motivé sur ce que la patente de l’Institution ne paraît présenter aucun caractère d’authenticité, et sur ce que les grades n’offrent aucun but moral ou scientifique qui permette de les adopter.

(Document déposé sur le site du Rite Ecossais Primitif en juin 2014)

[1]  Cf. propos du Grand Maître Robert Ambelain dans sa chronologie du Rite Ecossais Primitif.