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Le REP face aux législateurs

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Le Rite Ecossais Primitif face aux ‘‘Législateurs’’ :

‘‘Les incontournables’’ de la Franc-Maçonnerie

 Auteur …..rappelés par le comité de rédaction du Conseil de l’Ordre
 Source …..Régularité maçonnique et archives du REP

Pourquoi employer le terme de ‘‘Législateurs’’ dans un exposé qui touche

le Rite Ecossais Primitif et son Ordre ?

Parce que nos prédécesseurs se plaçaient dans l’observance d’une éthique conçue sur des règles de l’Art selon lesquelles étaient régies les activités des corporations de Francs Mestiers du Moyen-âge et des générations suivantes, d’autant plus que les Jacobites figurent en bonne position dans cette réglementation. Ensuite, parce que la Franc-Maçonnerie, représentée par une unique Instance, suprême entre toutes, est placée en quelque sorte sous la tutelle d’une enseigne générale, à l’appellation de Grande Loge, chargée de régner sur toute les Loges déclarées habilitées à œuvrer sous sa férule.

Pour ce faire l’organe majeur dit Grande Loge-Mère du Monde (et plus précisément La Grande Loge Unie d’Angleterre), investi de tous les pouvoirs, a relayé par convention, son autorité à travers les continents et les nations. Sous couvert d’un protectorat ou principe de précaution, Grands Maîtres et Grands Dignitaires au cours des siècles, ont accolé à ce concordat des Patentes, des titres de reconnaissance, des droits d’exclusivité territoriale, des obligations incontournables, que nous qualifierions aujourd’hui de verrous. Dans cette nomenclature, tout écart constaté est synonyme de faillibilité générant pour son bénéficiaire la perte de sa reconnaissance et donc de son droit régulier d’exercice. La délivrance d’un tel accord suspendue au pouvoir d’une seule entité provoqua immanquablement des querelles de pouvoir, qui accompagnèrent la tendance émergente en 1717 et porta atteinte à la plus ancienne formation de la fin du XVIIe siècle placée sous l’influence des partisans Stuarts.

En écho d’un clivage politique, nait la première querelle de régularité entre les Hanovriens, qui se réclament de Londres, et les Jacobites, et inversement.

En France où la cause Jacobite est majoritaire, il convient de se reporter à divers historiens et auteurs de la Franc-Maçonnerie unanimes à confirmer les propos de Philippe-Valentin Bertin du Rocheret, magistrat d’Epernay, par lesquels il qualifie sa Loge de la plus régulière de France au motif que celle-ci a été constituée par le Grand Maître jacobite, le comte de Derwentwater.

Et pour un regard exhaustif sur cette épineuse question de la régularité,

nous reprenons une citation, accessible à tous (parce que diffusée sur Internet) qui dresse un résumé chronologique des événements qui ont suscité cette fameuse reconnaissance, dans laquelle nous retrouvons une nouvelle fois les Jacobites qui ont pris position, et précisément en terre française :

« Si le concept assez large et complexe de « régularité maçonnique » est relativement récent, l’adjectif ‘‘régulières’’ (en anglais ‘‘regular’’) dans l’expression ‘‘loges régulières’’ apparaît dès les premiers conflits évoqués entre francs-maçons hanovriens et francs-maçons jacobites. On l’emploie pour distinguer les loges que l’on juge comme étant d’origine légitime, des autres, jugées illégitimes par le locuteur, étant entendu que la notion « d’origine » appelle elle-même une discussion. De fait, en dépit des exhortations à la neutralité politique, ni les partisans des Stuarts, précurseurs des loges européennes, ni leurs rivaux Hanovriens ne peuvent s’empêcher de concevoir leurs propres activités en référence au(x) souverain(x) dont ils se considèrent les sujets. Pour les uns ou les autres il n’y a légitimité d’une loge, donc régularité, que si elle a été reconnue (constituée) dans l’espace où ils sont dominants. À cet égard, il ne faut jamais oublier qu’en 1688-1689, la révolution qui se produit en Angleterre est à l’origine du clivage entre ces deux factions britanniques. Les partisans des Stuarts sont chassés de Grande-Bretagne et viennent se réfugier en France à la suite de leur roi Jacques II (d’où le qualificatif de Jacobites), et ce sont eux qui marquent de leur empreinte la franc-maçonnerie française. Leur influence persistera nettement jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, voire jusqu’en 1766 qui voit la disparition à Rome de Jacques III, fils de Jacques II. Ce qui n’est évidemment pas le cas de leurs vainqueurs qui, après la disparition de Guillaume d’Orange, puis l’intermède du règne d’Anne Stuart, épousent en 1714 la cause de George Ier de Hanovre et de son fils George II. Pour certains, qui jugent plutôt le fonctionnement d’une loge ou d’une obédience en interne, sans considération politique, le mot doit être davantage compris dans le sens anglais (« regular », c’est-à-dire « normal ») que par rapport à l’idée d’une règle au sens latin des ordres monastiques. Dans ce cas, il recouvre une notion beaucoup plus ancienne qui n’est pas exactement superposable à celle des landmarks, puisqu’elle fait référence aux « Anciens Devoirs », c’est-à-dire aux anciennes règles de métier des corporations de maçons. »

Rappel étant fait que les Landmarks, connus des Obédiences du vieux Continent, leur sont parvenus depuis les Etats-Unis avec les travaux du Docteur Albert Mackey, qui approche en 1856 le concept conférant à la valeur d’une règle son infaillibilité, pour qualifier de recevable une formation maçonnique (Ordre, Orient ou Obédience) dans la mesure où elle adhère à tous les articles d’une règle. Ainsi chaque règle doit recouvrir une notion qui revêt une ancienneté immémoriale, universelle et irrévocable.

Plus schématiquement, l’élan pris au XVIIIe siècle a été conforté par les Landmarks et pérennisé, au-delà de ceux-ci jusqu’à aujourd’hui, puisque la qualité de la ‘‘régularité’’ octroyée à certaines Obédiences reconnues comme telles, est restée dans les pratiques assortie d’une reconnaissance mutuelle entre elles. Les Obédiences non reconnues, dont notre Ordre, sont passées outre.

Parmi les grands textes de référence universellement connus par toutes les Loges, figurent Les Basic Principles conçus par la Grande Loge Unie d’Angleterre, agissant en qualité de Grande-Loge-Mère du Monde restée comme nous l’avons dit l’organe prépondérant à toutes les formations maçonniques, reconnues régulières ou non. Les ‘‘Basic Principles’’ comme les ‘‘Landmarks’’, ou lois non écrites, ne sont pas ignorés par notre Ordre qui règlemente la rituélie jacobite selon des fondations qui prennent souche sur les articles constitutionnels et institutionnels de ces deux Codes.

Mention étant faite que les Statuts de notre Ordre stipulent et disposent d’une indépendance conférée au REP, par la seule volonté du Grand Maître Robert Ambelain et telle que rappelée dans nos Règlements Généraux. Alors que cette indépendance est exigée par la GLUA, notre Ordre se voit donc en parfaite position de confort et de pleine sécurité. Si effectivement notre Ordre ne peut se trouver en aucune manière en position de subordination à toute autre association de fait ou de droit, rien ne lui interdit de faire siennes les dispositions contenues dans les LandMarks et les Basic Principles dressés par la Grande Loge Unie d’Angleterre.

Après avoir abordé dans un autre feuillet les Landmarks et s’agissant des Basic Principles, nous sommes en mesure de remplir les conditions fixées dans ses huit articles.

Les Basic Principles de la Grande Loge Unie d’Angleterre ont fait l’objet d’une nouvelle rédaction en 1989, établie par le ‘‘Board of General Purposes’’ que nous reprenons ci-après dans leur intégralité (paragraphe, mots  et ponctuation)  :

La Franc-Maçonnerie est pratiquée sous l’autorité de nombreuses Grandes Loges indépendantes, dont les principes et les normes sont similaires à ceux établis par la Grande Loge Unie d’Angleterre tout au long de son histoire.

NORMES. Pour être reconnue par la Grande Loge Unie d’Angleterre, une Grande Loge doit respecter les normes suivantes :

  1. Elle doit avoir été légalement constituée par une Grande Loge régulière ou par trois Loges particulières ou plus, si chacune d’entre elles a été légitimée par une Grande Loge régulière.
    (Notre Ordre est issu d’une patente émanant du Suprême Conseil de France reçue par Robert Ambelain et appuyée du Suprême Conseil des Rites Confédérés).
  2. Elle doit être véritablement indépendante et autonome, et avoir une autorité incontestée sur la Franc-maçonnerie du Métier – ou de base – (c’est-à-dire les Grades symboliques d’Apprenti, de Compagnon et de Maître) au sein de sa juridiction, et ne pas être sous la dépendance, ni partager son pouvoir en aucune manière avec aucune autre Organisation Maçonnique.
    (Notre Ordre répond à toutes ces obligations, y compris une échelle des grades, dont les trois premiers symboliques sont placés en Loges de saint Jean, classées loges rouges au REP et non en Loges bleues).
  3. Les Francs-Maçons placés sous sa juridiction doivent croire en un Être Suprême.
    (Au REP, le Profane initié et l’affilié sont informés de cette disposition, et si admis dans l’ignorance de leur non croyance en un Être suprême, ils ne pourront être pleinement sereins dans nos Loges qu’ils quitteront inévitablement de leur plein gré).
  4. Tous les Francs-Maçons placés sous sa juridiction doivent prendre leurs Obligations sur ou en pleine vue du Volume de la Loi Sacrée (qui est la Bible) ou sur le livre qui est considéré comme sacré par l’homme concerné.
    (En nos Loges et Ateliers, les Obligations à tous les Grades et Qualités sont prises sur la Bible, seul Livre sacré retenu par notre Ordre).
  5. Les trois Grandes Lumières de la Franc-maçonnerie (qui sont le Volume de la Loi Sacrée, l’Equerre et le Compas) doivent être exposés quand la Grande Loge ou ses Loges subordonnées sont ouvertes.
    (Nos Rituels sont conformes à cette règle).
  6. Les discussions politiques et religieuses doivent être interdites dans ses Loges.
    (En nos Loges, de tels thèmes et sujets sont totalement proscrits en nos Loges et dans l’enceinte de nos Temples).
  7. Elle doit adhérer aux principes établis (les « Anciens Landmarks ») et aux coutumes du Métier, et insister pour qu’ils soient observés au sein de ses Loges.
    (Au REP, les Landmarks sont intégrés dans nos rouages).
  8. Grandes Loges irrégulières ou non-reconnues
    Il existe quelques soi-disant obédiences Maçonniques qui ne respectent pas ces normes, par exemple qui n’exigent pas de leur membres la croyance en un Être Suprême, ou qui encouragent leurs membres à participer en tant que tels aux affaires politiques. Ces obédiences ne sont pas reconnues par la Grande Loge Unie d’Angleterre comme étant maçonniquement régulières, et tout contact Maçonnique avec elles est interdit. »
    (Et la boucle est bouclée pour les huit articles ci-dessus, dont pour le dernier qui met en exergue les thèmes non initiatiques, ceux-ci sont totalement exclus dans les Loges de l’Ordre du REP et s’ils subsistent malheureusement –à notre avis- au sein d’un grand nombre d’Obédiences Françaises, cet aspect ne concerne pas l’Ordre du REP dont nos membres ne tentent aucune visite fraternelle en certaines de ces Loges).

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Pour étayer notre choix quant à l’emploi du vocable ‘‘Législateur’’ de ce feuillet classé parmi nos incontournables, nous revenons sur les propriétés de la réglementation de la Franc-Maçonnerie intercontinentale, laquelle est prise en charge par des structures qui se sont emparé de sa normalisation et se posent en rivales de la Grande-Loge-Mère du monde.

Et, … les questions de régularité du XVIIe siècle sont toujours d’actualité en ce troisième millénaire, mais cette fois sans les Jacobites qui ne tentent aucune démarche en ce sens.

En effet depuis plusieurs décennies, nous assistons à l’émergence d’un véritable régime porté par des structures que ladite Grande Loge-Mère du Monde a évincées. Celles-ci étant écartées de toute légitimité ont créé leur propre juridictions, aux appellations diverses dont celle la plus largement répandue de ‘‘Suprême Conseil de …, Confédération de …’’, afin de créer leur régularité en toute indépendance. Fortes d’une audience gagnée par la persévérance de Maçons de grande renommée, elles se sont érigées en organismes parallèles, fédérateurs et régulateurs qui dictent leurs lois avec force et vigueur.

Telles de véritables Organisations professionnelles ou syndicales, ces Institutions ont établi la nomenclature de leur ‘‘enseigne’’, leur ‘‘marque de fabrique’’ selon des règles et règlements, articulées autour de normes, de codes, de lois, de juridictions hors les principes de la Grande Loge Unie d’Angleterre.

Parmi ces Institutions qui se multiplient de plus en plus, nous relevons sur Internet celles qui nous paraissent les plus notoires, sans toutefois omettre que le REP ne pourrait y adhérer selon certaines préconisations qu’il nous serait statutairement impossible de contourner :

Le CLIPSAS (Centre de Liaison et d’Information des Puissances Maçonniques signataires de l’Appel de Strasbourg), constitué le 22 janvier 1961 à l’appel du Grand Orient de France et de onze autres puissances maçonniques souveraines qui, émues par l’intransigeance et les exclusives qu’elles estimaient abusives de certaines autres obédiences, lancèrent un appel à toutes les maçonneries du monde afin de les réunir dans le respect de leur souveraineté, de leurs rites et de leurs symboles. (sic)

Les principes fondamentaux de ce groupe d’obédiences diffèrent des Basic Principles anglais et des Landmarks nord-américains sur deux points essentiels :

  • Le principe d’une nécessaire foi en Dieu (ou similaire) est remplacé par celui d’absolue liberté de conscience,
  • Ce groupe n’interdit pas la reconnaissance des Obédiences féminines ou mixtes.

Pour ce groupe, les principes essentiels permettant de reconnaître la qualité maçonnique d’une Loge sont :

  1. Sa constitution par un nombre minimum de 7 membres
  2. L’utilisation d’un rituel faisant référence aux symboles des bâtisseurs
  3. La présence dans la loge des colonnes J:. & B:., de l’équerre et du compas (la présence de la Bible (volume de la loi sacrée) étant possible mais pas obligatoire, des outils des Grades, et du Carré long (Pavé mosaïque)
  4. La pratique des trois Grades symboliques : Apprenti, Compagnon et Maître.
  5. La nécessité de n’admettre que des Frères ou Sœurs initiés dans une loge (ainsi) régulièrement constituée.

Enfin, nous trouvons d’autres associations et formations, telles que :

  • L’AMIL (association maçonnique intercontinentale libérale) créée en 1996 à la suite du départ du Grand Orient de France du CLIPSAS,
  • Le Groupe de la Maçonnerie française,
  • L’Espace Maçonnique Européen (sous l’égide du GODF, la GLDF et la GLFF),
  • La Confédération des Grandes Loges Unies d’Europe (GLUE),
  • SOGLIA, PRINCE HALL, etc.

S’agissant du Rite Ecossais Primitif, non exclu de ces Formations parce que aucune tentative de rapprochement avec elles n’a été actée, notre Ordre exclut toute compromission contraire à ses Statuts et s’interdit toute adhésion avec l’une de celles-ci, dans le respect des règles arrêtées par Robert Ambelain, parce que l’engagement du respect des Statuts du Grand Maître constitue un Devoir absolu qui doit rester immuable.

(Document déposé sur le site du Rite Ecossais Primitif en décembre 2013)