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Les Patentes Robert Ambelain

         Les feuillets du Conseil de l’Ordre

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 Thème

Les Patentes Filiation Robert Ambelain

 Auteur  …..Comité de rédaction du Conseil d’Orient
 Source …..Archives de la Grande Loge Française Rite Ecossais Primitif

Ci-après reprise des repères historiques rappelés par Robert Ambelain au Suprême Conseil des Rites Confédérés en 1993, soit il y a plus de 20 ans.

Le Grand Maître Robert Ambelain, en son bref de passation des pouvoirs magistraux au Très Illustre Frère Gérard Kloppel en date du 31 décembre 1984, fait allusion au Suprême Conseil des Rites Confédérés, sans pour autant le joindre à cette passation du Rite de Memphis Misraïm, et rappelle l’historique des transmissions et des filiations de quatre Rites, par référence au document ci-contre dont la première page figure en médaillon, et à partir duquel nous reprenons dans ces grandes liges la déclaration du Grand Maître :

  • 15 octobre 1916 : décès de Papus
  • Teder (Charles Détré) lui succéda automatiquement
  • 25 septembre 1918 : le Grand Maître Charles Détré passa à l’Orient éternel
  • Jean Bricaud est désigné Grand Maître de Memphis Misraïm pour la France (*) par les Membres du Souverain Sanctuaire de France pour succéder à Teder. 
  • enfin Constant Chevillon et Charles-Henry Dupont.

[*] Désireux de travailler au Rite Ecossais Ancien Accepté et ne pouvant évidemment pas obtenir une patente du Souverain Sanctuaire de France, J. Bricaud s’adressa au Suprême Conseil des Rites Confédérés des Etats-Unis afin d’en obtenir une du Rite de Cerneau, identique à l’Ecossais. 

Et Jean Bricaud reçut en retour des patentes pour :

  • le Rite de Cerneau, identique à l’Ecossais
  • le Early Grand Scottish Rite (Rite Ecossais Primitif)
  • le Royal Order of Scotland (Ordre Royal d’Ecosse)

… et le Rite de Misraïm qu’il possédait déjà par son entrée en Fonction ;

     à cet ensemble, était jointe une patente constituant pour la France un Suprême Conseil des Rites Confédérés (les Frères des Etats-Unis ignorant sans doute que la France en possédait une depuis septembre 1909), dénommé Souverain Collège des Degrés Maçonniques Unis par une étude de la Franc-Maçonnerie américaine de Arthur Preuss.

      Robert Ambelain relève par ailleurs que Albert Lantoine ne met pas en doute la réalité de cette patente (Suprême Conseil de France) délivrée à Jean Bricaud, et par voie de conséquence la valeur maçonnique de l’autorité qui la délivra.

Robert Ambelain termine ce bref par le rappel de la perte des archives à la suite de leur saisie par la Milice du Gouvernement de Vichy en septembre 1941, lesquelles furent remises à la Gestapo lyonnaise. Il précise qu’elles n’ont jamais pu être retrouvées ainsi qu’une masse de documents saisis dans les autres Obédiences, évacués en Allemagne, tombés aux mains des Russes, et que les Etats occidentaux n’ont jamais pu récupérer. Et le 26 mars 1944, le successeur de Jean Bricaud, le grand maître Constant Chevillon était arrêté par la police politique de Vichy et assassiné dans la nuit qui suivit, à Lyon.

      En date à Paris du 15 juillet 1993, Robert Ambelain procède à la rédaction d’un communiqué à l’entête de la Grande Loge Française du Rite Ecossais Primitif, dans lequel le Grand Maître annonce le renoncement total de Gérard Kloppel (document ci-après), qui de fait n’aura jamais faculté à revendiquer un droit d’accès à la Grande Maîtrise du Rite Ecossais Primitif, lequel doit demeurer à l’écart de toute Obédience étrangère à la sienne.  

      C’est ainsi qu’en janvier 1991 (précédemment à ce Bref), le Grand Maître Ambelain crée une Association loi 1901 dédiée au Rite Ecossais Primitif, dont les Statuts imposent et confirment   l’obligation d’abriter ce Rite qui doit être impérativement préservé de toute dépendance au sein d’autres Obédiences ou formations multirites. En effet, Robert Ambelain était tout particulièrement déterminé à ne pas voir le Rite Ecossais Primitif inféodé ou associé à une puissance maçonnique étrangère à la Grande Loge Française Rite Ecossais Primitif. C’est ainsi que notre Ordre s’interdit toute relation avec différentes Formations maçonniques (tel le CLIPSAS, SOGLIA, PRINCE HALL,… par exemple).

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En cette même date du 15 juillet 1993, Robert Ambelain procède à la rédaction d’un communiqué à l’entête du Suprême Conseil des Rites Confédérés (Maçonnerie ancienne et primitive – Early Grand Scottish, Royal Order of Scotland, Ecossais Cerneau), dans lequel il rappelle la composition de ce Suprême Conseil, dont quatre membres sont CONSERVATEURS desdits Rites, dont le Early Grand Scottish Rite (Cf. dernier paragraphe du document ci-après).

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Parallèlement, nous nous attacherons dans cette chronologie au Germanique Théodore Reuss (moins connu que les Grands Maîtres français qui l’ont suivi). A ne pas confondre avec Arthur Preuss.

patentes3…..Robert Ambelain rappelle, dans sa note du 31 décembre 1984, la Grande Maîtrise de T. Reuss au sein du Grand Orient d’Allemagne, par ailleurs Grand Maître mondial du Rite de Memphis-Misraïm.

…..Selon Robert Ambelain, c’est en 1909 que T. Reuss aurait ‘‘réveillé’’ en France le ‘‘Suprême Grand Conseil Général des Rites Unis’’ et le ‘‘Souverain Sanctuaire de Memphis-Misraïm’’.

…..Toutefois, il semble que la date exacte de ce ‘‘réveil’’ soit le 24 juin 1908, date à laquelle Reuss transmettait à G. Encausse (Papus) une patente pour établir très précisément un ‘‘Suprême Conseil Général des Rites Unifiés de la Maçonnerie Ancienne et Primitive pour le Grand Orient de France et ses Dépendances, à Paris’’. Cette transmission eut lieu à l’occasion de la ‘‘Conférence Internationale Maçonnique et Spiritualiste’’ organisée le même jour à Paris par Encausse.

Dans la même note, R. Ambelain indique que T. Reuss nommera comme Grand Maître national G. Encausse, avec pour Grand Maître adjoint Ch. Détré. A la mort de Teder (1918, portrait ci-contre), J. Bricaud (portrait ci-après) sera désigné comme Grand Maître pour la France de Memphis-Misraïm et recevra – à sa demande en 1919 – du ‘‘Suprême Conseil des Rites Confédérés des Etats-Unis’’ des patentes pour le Rite de Cerneau, le Early Grand Scottish Rit (Rite Ecossais Primitif), le Royal Order of Scotland et le Rite de Misraïm.

Il est dommage que le Grand Maître Ambelain n’en dise pas plus sur le ‘‘Suprême Conseil des Rites Confédérés des Etats-Unis’’, car on ne comprend pas bien, à la seule lecture de son communiqué, s’il y a ou non identité d’origine avec le « Suprême Conseil Général des Rites Unis ». Cependant, il peut y avoir évidemment identité d’origine, dès lors qu’en 1919, J. Bricaud œuvre en liaison étroite avec T. Reuss. En effet, au cours de cette même année 1919, J. Bricaud devient le représentant en France de l’Ordo Templi Orientis de Reuss en échange de quoi Reuss est nommé Légat pour la Suisse de l’Eglise Gnostique de Bricaud.

Nous relevons par ailleurs le propos de Bricaud tiré de ses ‘‘Notes historiques’’ (1933) :

« 1919. [] La Loge-mère Humanidad fut réveillée à Lyon conformément à la patente de 1908 (Reuss). Ainsi, le 10 septembre, le Fr. Joanny Bricaud reçut une patente (par l’intermédiaire de Reuss) pour établir le Souverain Sanctuaire français de MM (33°, 90°, 96°), et de plus, le 30 septembre il activa la fondation d’un Suprême Grand Conseil des Rites Confédérés, Early Grand Scottish Rite, Memphis et Misraïm, Ordre Royal d’Ecosse, etc. »

Qui était Théodore Reuss (dont portrait ci-avant) ?

Né en Allemagne en 1855, il fut tour à tour journaliste et chanteur professionnel. Il aurait été par ailleurs un agent de la police prussienne. Il reçut régulièrement la Lumière en novembre 1876 à la Pilgrim Lodge n°238 à Londres et fut élevé à la Maîtrise le 9 janvier 1878. Le 1er octobre 1880, il est radié de la Pilgrim Lodge n°238 et cesse d’appartenir à la Maçonnerie dite ‘‘régulière’’.

En 1902, il reçoit une patente de John Yarker, de Manchester, pour fonder une Holy Grail Lodge n° 15 du Rite de Swedenborg ainsi qu’une patente pour le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm et une autre pour le Rite de Cerneau avec rang de Souverain Grand Inspecteur Général.

En 1919, T. Reuss avait octroyé à un dénommé Matthew McBlain Thomson, auteur de The Rituals of the Degrees of the Early Grand Scottish Rite (Hugh Murray 1890), une patente de l’Ordo Templi Orientis, patente qui figurait dans le bulletin ‘‘Universal Freemason’’ daté de juillet de la même année.

Est-ce Matthew McBlain Thomson ou John Yarker qui aurait transmis le Early Grand Scottish à Reuss, lequel, à son tour, l’a transmis à Bricaud ?

(Document déposé sur le site du Rite Ecossais Primitif en décembre 2013) 


[1]   Par ailleurs, Robert Ambelain rappelle dans ce même document le réveil en France du Souverain Sanctuaire de Memphis-Misraïm en septembre 1909, dans le Temple du Rite Mixte du Droit Humain, par Théodore Reuss, Grand Maître du Grand Orient d’Allemagne, Grand Maître mondial du Rite de Memphis-Misraïm.

Théodore Reuss avait nommé Grand Maître national le Dr Gérard Encausse (portrait de Papus ci-contre), avec pour Grand Maître adjoint, Charles Détré (Teder) et son substitut.